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viens-toi des Choses de la vie

Comme le confie Claude Sautet à Michel Boujut : « Pour moi,
la représentation réaliste de la mort a quelque chose d’obscène.
Ne pas la montrer provoque l’imaginaire, restitue la stupéfaction
devant ce trou béant et lui donne sa vraie signification. Et puis
un acteur mort… n’est jamais mort71. »

Il faut souligner combien la musique du film, écrite par Phi-
lippe Sarde, alors âgé de vingt ans, qui signe là sa première com-
position pour un long métrage, participe avec virtuosité à cette
« magie invisible72 », selon l’expression de Claude Sautet. Le film
ne serait pas le chef-d’œuvre que nous connaissons sans cette
partition admirable de justesse, jusque dans ses variations, pour
suggérer « l’ineffable73 ». Composée en un mois seulement (par
suite de l’indisponibilité de Georges Delerue, lequel avait écrit
la musique de Classe tous risques), la musique des Choses de la vie
marquera le début d’une longue et fructueuse collaboration entre
Claude Sautet et Philippe Sarde, puisque désormais celui-ci
composera la musique des films du réalisateur. Sautet lui-même
était passionné de musique classique74 et de jazz75. La musique
occupait une grande place dans sa vie comme dans son cinéma76.

 71.  Ibid., p. 96.
 72.  N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 9. Voir le long métrage
documentaire réalisé par N. T. Binh, Claude Sautet ou la magie invisible, sorti
en 2004.
 73.  Vladimir Jankélévitch, La Musique et l’Ineffable, Paris, Seuil, 1983 (pre-
mière édition : Armand Colin, 1961).
 74.  Bach en premier lieu, mais aussi Debussy, Ravel, Stravinski.
 75.  Louis Armstrong, Sidney Bechet, Miles Davis, Lester Young, Count Ba-
sie, Jimmie Lunceford, Duke Ellington, Art Tatum, Dexter Gordon, Charlie
Parker…
 76.  En témoigne, non sans humour, la phrase inscrite sur la tombe de Claude

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