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viens-toi des Choses de la vie
d’aucun secours, comme un pare-brise qui se brise, un pare-
chocs qui ne tient pas le choc, un extincteur dérisoirement sans
effet, ou un pare-soleil dans un champ qui, ne protégeant plus
du soleil, sert funestement, avant la lettre, d’épitaphe au conduc-
teur. On pense aussi à ces lignes du Mythe de Sisyphe d’Albert
Camus (qui connaîtra sur une route le même destin absurde que
Pierre) : « Sous l’éclairage mortel […] de notre condition83 »,
« [c]o mment ne pas comprendre que, dans cet univers vulnérable,
tout ce qui est humain et n’est que cela prend un sens brûlant ?
Visages tendus, fraternité menacée, amitié si forte et si pudique
des hommes entre eux, ce sont les vraies richesses puisqu’elles
sont périssables84. »
François, Catherine et le père de Pierre arrivent trop tard à
l’hôpital, et c’est sur leur visage que nous lisons la mort de Pierre
qui est annoncée par le médecin, sans même que nous entendions
sa voix. Une infirmière (Isabelle Sadoyan85) remet à Catherine
les effets personnels de Pierre, dont la lettre… Alors que, dans le
roman de Paul Guimard, l’interne remettait lui-même la lettre
à Hélène, ici, Catherine trouve la lettre et a un pressentiment :
83. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, in Œuvres complètes I (1931-1944),
édition publiée sous la direction de Jacqueline Lévi-Valensi, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 2006, p. 230.
84. Ibid., p. 280.
85. Isabelle Sadoyan (dont le nom est mal orthographié au générique : avec un
r au lieu d’un d) fait ici ses débuts au cinéma comme actrice. Son mari, qu’elle
rencontra grâce à Roger Planchon, était le comédien Jean Bouise, qui joue le
rôle de François, « l’ami fraternel, ce qu’il était dans la vie » (Michel Boujut,
op. cit., p. 90). Interprétant souvent des seconds rôles, elle apparaît notamment
dans Monsieur Klein de Joseph Losey, Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel,
Soigne ta droite de Jean-Luc Godard.
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d’aucun secours, comme un pare-brise qui se brise, un pare-
chocs qui ne tient pas le choc, un extincteur dérisoirement sans
effet, ou un pare-soleil dans un champ qui, ne protégeant plus
du soleil, sert funestement, avant la lettre, d’épitaphe au conduc-
teur. On pense aussi à ces lignes du Mythe de Sisyphe d’Albert
Camus (qui connaîtra sur une route le même destin absurde que
Pierre) : « Sous l’éclairage mortel […] de notre condition83 »,
« [c]o mment ne pas comprendre que, dans cet univers vulnérable,
tout ce qui est humain et n’est que cela prend un sens brûlant ?
Visages tendus, fraternité menacée, amitié si forte et si pudique
des hommes entre eux, ce sont les vraies richesses puisqu’elles
sont périssables84. »
François, Catherine et le père de Pierre arrivent trop tard à
l’hôpital, et c’est sur leur visage que nous lisons la mort de Pierre
qui est annoncée par le médecin, sans même que nous entendions
sa voix. Une infirmière (Isabelle Sadoyan85) remet à Catherine
les effets personnels de Pierre, dont la lettre… Alors que, dans le
roman de Paul Guimard, l’interne remettait lui-même la lettre
à Hélène, ici, Catherine trouve la lettre et a un pressentiment :
83. Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe, in Œuvres complètes I (1931-1944),
édition publiée sous la direction de Jacqueline Lévi-Valensi, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de la Pléiade », 2006, p. 230.
84. Ibid., p. 280.
85. Isabelle Sadoyan (dont le nom est mal orthographié au générique : avec un
r au lieu d’un d) fait ici ses débuts au cinéma comme actrice. Son mari, qu’elle
rencontra grâce à Roger Planchon, était le comédien Jean Bouise, qui joue le
rôle de François, « l’ami fraternel, ce qu’il était dans la vie » (Michel Boujut,
op. cit., p. 90). Interprétant souvent des seconds rôles, elle apparaît notamment
dans Monsieur Klein de Joseph Losey, Cet obscur objet du désir de Luis Buñuel,
Soigne ta droite de Jean-Luc Godard.
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