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est projeté dans la fiction et l'Histoire. Pour comprendre cette évolution filmique,
il convient de s'intéresser à deux grandes séquences où l'Histoire est mise en jeu :
la séquence du couvre-feu et la séquence de la rafle.

Cette séquence du couvre-feu se situe peu après la séquence où Salomé
(Evelyne Bouix dans le rôle du personnage jeune) évoque la possibilité d'une
dénonciation par la concierge. Les Lerner prennent alors la fuite. Dans ce plan
séquence, la caméra suit le déplacement des personnages. Le lien de la musique et
de l'image est fort, puisqu’il n'y a pas de dialogue. Le couvre-feu est évoqué par la
nuit car il n'y a pas de lumière dans les rues. Le spectateur perçoit la menace et
le danger qu'encourt cette famille, par la présence des Allemands (via un montage
alterné cut), qui souhaitent perquisitionner le domicile des Lerner et les arrêter. Le
couple trouve alors refuge chez leurs amis les Rivières. L'amitié entre les deux
familles est montrée dès le début du film par la séquence se déroulant dans la
station balnéaire où Roland Rivière (Jean Louis Trintignant) exprime à Simon Lerner
(Michel Piccoli) son incompréhension et son insouciance vis-à-vis de la guerre : «
pourquoi la guerre, il ne faut pas s'enfermer dans cette psychose. »

Nous allons nous intéresser maintenant à la séquence majeure du film :
celle de la rafle au cours duquel sont arrêtées la famille Lerner. Cette séquence se
situe peu après le plan où Roland s’adresse à Simon: « ici personne ne saura
jamais où vous êtes. » Peu après cette révélation, nous voyons un plan avec un
orchestre de musique classique jouant le second concerto de Sergueï Rachmaninov.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 32
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