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Ce plan où la caméra est mobile est un clin d'oeil discret à Rome ville
ouverte de Roberto Rossellini. Cette séquence de la rafle est importante car elle
filme l'Histoire à travers les yeux d'une famille tout en restant très plausible par la
minutie des détails (notamment pour l’uniforme de l’armée allemande).

Intéressons-nous maintenant, au troisième film : les Misérables (titre
initialement prévu les Misérables du XXe siècle). Celui-ci est dans la lignée directe
des Uns et des autres et de Partir Revenir par bien des aspects (notamment le
rapport image-musique, ainsi que lien entre histoire fictive et grande histoire). Nous
nous focaliserons dans cette partie sur les événements ayant trait à la Première et
Seconde Guerre Mondiale, pour percevoir l'évolution filmique de Lelouch vis-à-vis de
l'Histoire et la mémoire collective. Il convient cependant pour comprendre celle-ci
d'éclaircir quelques points : les Misérables est un film « musical » comme les deux
autres. La musique instaure un rythme et un tempo aux images et plans du film.

Dans les deux précédents films, le destin de personnages fictifs est
confronté à un enchaînement d’évènements historiques les dépassant, ici ce film
reprend la même idée. Par rapport à Partir Revenir, l'histoire des Misérables se vit
de manière directe quelque soit sa temporalité : nous pouvons par exemple vivre
une scène au présent, puis par un effet de montage nous retrouver dans un autre
lieu et un autre temps (Voir ainsi, par exemple les séquences où André Ziman
raconte Les Misérables à Henri Fortin).

Par ailleurs, la musique fait partie intégrante de l'histoire sans que le
spectateur n'en ait vraiment conscience. Elle apparaît comme un acteur à part
entière: nous ne voyons pas visuellement de plans d’orchestre symphonique en train
de jouer comme ceux des Uns et des Autres (avec le boléro de Ravel) et Partir
Revenir (avec le concerto de Rachmaninov) ; nous ferons cependant une exception
pour : les séquences du bal de 1900, celle où un allemand joue du piano et celle
de la Libération de 1945.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 34
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