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si le spectateur retrouve le même soin, concernant l'ambiance son- image ; alliée
à un cadrage et des mouvements de caméra, où les soldats se déplacent en
groupe. Dans les Misérables ou le Jour le plus long, il s'agit de filmer le courage
des soldats dans un style alliant réalisme et spectaculaire, en montrant
l'importance de l’humain pris dans l'engrenage de l'Histoire. Le Jour le plus long, un
Pont trop loin et les Misérables essaient d'allier réalisme et fiction, dans un même
souci d'authenticité.

Toutefois l’art cinématographique, est-il capable de retranscrire avec réalité
sans déformation ni interprétation trop subjective ? Dans la vision de Lelouch
comme dans le Jour le plus long ou un Pont trop loin, le débarquement est filmé
dans un style épique, avec néanmoins des images qui semblent réelles. Le cinéma
arrive à reconstituer un évènement de manière plausible ; chaque réalisateur
apporte sa vision à l’Histoire : le mode fictionnel demeure de toute façon subjectif
même si Lelouch, Richard F .Zanuck ou Richard Attenborough veulent être au plus
prés de la réalité…

L’art cinématographique par essence joue sur l’illusion de la représentation :
le spectateur accepte de croire à la réalité des images filmées. Même un style
documentaire qui tendrait à l’objectivité, nécessite une interprétation et une
dimension subjective puisqu’il y à montage... comme l’exprime Francesco Casseti :
« quelque chose qui, sur le moment n’est pas là (la réalité) revient sous une autre
forme (l’image) ».33 En effet toute reconstitution d’un fait réel, se trouve
nécessairement réinterprété par le biais de la mise en scène et du montage
cinématographique. Dés le tournage d’une séquence, un metteur en scène prend
position en choisissant les éléments qui constitueront l’intérieur du cadre, et ceux
qui au contraire resteront hors champ. Claude Lelouch joue sur l’illusion du réel en
affirmant sa volonté d’avoir un regard impressionniste (cf. « Le style Lelouch »
analysé dans la partie précédente) sur ce qu’il filme.

Pour conclure sur cette troisième partie, nous allons ouvrir notre réflexion sur deux
films postérieurs aux Misérables de Claude Lelouch, mais qui par certains aspects
peuvent se relier avec la vision du réalisateur français.

33 Voir p229 Chap. 13 représentation, non représenté-irreprésentable-ouvrage les théories du cinéma depuis
1945, auteur Francesco cassetti-Armand colin cinéma

Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 84
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