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De plus Spielberg essaie d'allier le cinéma, avec un devoir de transmission et
une volonté d'ancrer la réalité d'un fait passé, dans la mémoire collective du
spectateur. Toutefois, cette volonté de transmission amène un propos ambigu. Pour
percevoir celle-ci, il convient de réfléchir sur l'utilisation photographique du noir et
blanc et de la couleur. En effet, quel mode utiliser pour transmettre un fait passé ?
Le tout premier plan nous montre un personnage juif en train de prier, il est filmé
en couleur, puis par un flash-back le récit du film commence : l'image devient
alors noir et blanc. À la fin du film, les derniers plans alternent également le noir
et blanc avec la couleur.
Ce principe peut rapprocher Spielberg de Lelouch, par cette volonté de
présenter l'Histoire dans un déroulement cyclique (même si chez Lelouch, la
dimension historique n’est parfois qu’une toile de fond). Néanmoins chez Spielberg
le propos de transmission de la mémoire est plus complexe. En effet la toute
dernière grande séquence du film, qui intervient après le départ d’Oscar Schindler,
nous montre la diaspora juive à la libération des camps. Le noir et blanc devient
couleur afin de nous montrer alors, les survivants et descendants d'Oscar Schindler.
Ces quelques plans du film véhiculent l'idée de transmission de la mémoire. Steven
Spielberg utilise le noir et blanc pour insister sur l'authenticité du récit, mais nous
montrer que c'est un fait historique passé. La couleur est en quelque sorte pour
actualiser le propos, mais aussi pour dire qu’il ne faut pas oublier.
Or ce passage vers la couleur, demeure néanmoins ambiguë et produit un
effet paradoxal : il ancre l’épisode de la liste de Schindler comme fait passé, faisant
partie de la mémoire collective. De plus, en filmant les descendants se recueillant
sur la tombe de Schindler, le réalisateur véhicule l'idée de transmission de la
mémoire mais aussi l'idée qu'il faut avancer et tourner la page... La fin du film
correspond ainsi à la concession hollywoodienne du happy end. En effet après avoir
filmer des événements dramatiques, il faut apporter une note d'espoir. Pour cela
nous avons le message affiché à l'écran, qu'il y a « 6000 descendants juifs »
grâce à oscar Schindler. Un fondu noir et blanc s'effectue alors, sur les tombes des
défunts juifs. Puis le générique de fin s'instaure avec la musique extra diégétique.
Ainsi comme l'explique Shlomo Sand, la volonté de Spielberg est de « refaire le
passé et tenter de sauver rétroactivement des juifs ». 31
31 Voir p 339 Shlomo Sand-le XXe siècle à l’écran éditions du seuil 80
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire.
une volonté d'ancrer la réalité d'un fait passé, dans la mémoire collective du
spectateur. Toutefois, cette volonté de transmission amène un propos ambigu. Pour
percevoir celle-ci, il convient de réfléchir sur l'utilisation photographique du noir et
blanc et de la couleur. En effet, quel mode utiliser pour transmettre un fait passé ?
Le tout premier plan nous montre un personnage juif en train de prier, il est filmé
en couleur, puis par un flash-back le récit du film commence : l'image devient
alors noir et blanc. À la fin du film, les derniers plans alternent également le noir
et blanc avec la couleur.
Ce principe peut rapprocher Spielberg de Lelouch, par cette volonté de
présenter l'Histoire dans un déroulement cyclique (même si chez Lelouch, la
dimension historique n’est parfois qu’une toile de fond). Néanmoins chez Spielberg
le propos de transmission de la mémoire est plus complexe. En effet la toute
dernière grande séquence du film, qui intervient après le départ d’Oscar Schindler,
nous montre la diaspora juive à la libération des camps. Le noir et blanc devient
couleur afin de nous montrer alors, les survivants et descendants d'Oscar Schindler.
Ces quelques plans du film véhiculent l'idée de transmission de la mémoire. Steven
Spielberg utilise le noir et blanc pour insister sur l'authenticité du récit, mais nous
montrer que c'est un fait historique passé. La couleur est en quelque sorte pour
actualiser le propos, mais aussi pour dire qu’il ne faut pas oublier.
Or ce passage vers la couleur, demeure néanmoins ambiguë et produit un
effet paradoxal : il ancre l’épisode de la liste de Schindler comme fait passé, faisant
partie de la mémoire collective. De plus, en filmant les descendants se recueillant
sur la tombe de Schindler, le réalisateur véhicule l'idée de transmission de la
mémoire mais aussi l'idée qu'il faut avancer et tourner la page... La fin du film
correspond ainsi à la concession hollywoodienne du happy end. En effet après avoir
filmer des événements dramatiques, il faut apporter une note d'espoir. Pour cela
nous avons le message affiché à l'écran, qu'il y a « 6000 descendants juifs »
grâce à oscar Schindler. Un fondu noir et blanc s'effectue alors, sur les tombes des
défunts juifs. Puis le générique de fin s'instaure avec la musique extra diégétique.
Ainsi comme l'explique Shlomo Sand, la volonté de Spielberg est de « refaire le
passé et tenter de sauver rétroactivement des juifs ». 31
31 Voir p 339 Shlomo Sand-le XXe siècle à l’écran éditions du seuil 80
Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire.