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Leur amitié avait été extraordinaire pendant vingt-cinq ans.
Mais alors pourquoi tout avait volé en éclats ? Il n’avait rien
oublié. Ils s’étaient disputés à propos de sa petite amie de
l’époque. Nicolas ne l’avait pas aidé à la garder et ils s’étaient
embrouillés à cause de ça. Il lui avait fait sentir qu’il n’était
qu’un peigne-cul et qu’un paysan n’était pas fait pour se marier
avec une fille d’avocat.

Il lui avait été difficile d’entendre ça même si aujourd’hui,

tout ça paraissait puéril.
Les deux hommes s’observaient à présent tandis que l’arbitre

sifflait l’entame de la deuxième mi-temps. Tous les autres

fixaient le poste sans se rendre compte que la tension grimpait

derrière eux.
Alex trouvait que Nicolas n’avait pas tant changé. Il avait

pris un peu d’épaules et un peu de gras autour des os mais ça lui
allait bien. Il se souvenait d’un petit maigrichon que les gamins
des cités aimaient racketter. S’attaquer à plus faible que soi avait
toujours été la discipline des lâches et comme Alex n’aimait pas
l’injustice, il défendait Nicolas. Mais en vérité, il ne se serait pas
battu pour quelqu’un d’autre. Nico était la personne à qui il
tenait le plus et il n’aurait jamais laissé quelqu’un lui faire du

mal.
À la différence d’Alex, Giordano avait encore ses cheveux

même si ceux-ci étaient couverts de cendre. Le jeune italien était

devenu un homme mûr avec une certaine élégance. Il portait des

lunettes derrière lesquelles se cachaient ses yeux noirs. Il nota
qu’il n’avait pas bonne mine et pensa que le stress d’être venu
jusqu’ici devait en être la cause.

— Bonjour Alex. Lança Nicolas d’une voix flottante.
— Salut faux frère. Répondit Malartigues.
La discussion s’annonçait âpre.

Tandis que Nico tendait la main vers son ami, ce dernier fit
un violent pas en avant laissant penser qu’il allait le frapper.

Mais non au contraire, il le prit dans ses bras dans une étreinte

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