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plus normales jusqu’à ce qu’un évènement imprévu
interrompe la quiétude du soir. Tandis que la famille Giordano
dînait au premier étage de sa maison située sur la place de
l’église, un orage grondait dans le lointain. Il descendait du Nord
et passerait bientôt les montagnes comme une vague déferlante
sur Carigoules. Ses mugissements sourds avertissaient de son
arrivée imminente. La pluie n’avait pas encore montré le bout de
son nez mais ça n’allait plus tarder car un taux d’humidité élevé
l’annonçait.
Chez les Giordano, tout était calme. D’une soupière posée
sur la table se dégageait un délicieux fumet, laissant deviner un
savoureux mélange de carottes, courgettes et autres pommes de
terre. La pièce n’était pas grande et servait à la fois de salle à
manger et de salon avec un canapé adossé contre le mur du fond.
Recouvert de coussins verts et jaunes aux motifs chargés, il
possédait deux accoudoirs en bois à ses extrémités. On retrouvait
souvent ce meuble dans les foyers de France avec une variante
de trois à quatre couleurs pour les coussins. Pour compléter la
déco, un papier peint ornait les murs de la pièce de grands motifs
damassés qu’on jugerait kitsch aujourd’hui mais qui étaient dans
le vent à l’époque.
Pendant que le potage répandait ses effluves dans tout
l’appartement, Giacomo tendait déjà son assiette à sa femme. Se
faire servir était l’une de ses mauvaises habitudes, prise d’abord
auprès de sa mère très présente durant son enfance puis relayée
par son épouse très aimante. Toutefois, il n’y avait rien de
choquant à cette époque où l’image patriarcale trônait dans les
mentalités. En bon chef de famille, Giacomo s’asseyait toujours
au bout de la table avec un petit rituel qui consistait à sortir son
couteau pliable de sa poche. Il en extrayait la lame du manche,
se coupait un morceau de pain avec et le positionnait devant lui
juste avant de déplier sa serviette en tissu sur ses genoux. Nico
adorait le voir pratiquer ce touchant cérémonial. S’il ne l’avait
jamais copié par la suite, il y pensait à chaque fois qu’il se mettait
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interrompe la quiétude du soir. Tandis que la famille Giordano
dînait au premier étage de sa maison située sur la place de
l’église, un orage grondait dans le lointain. Il descendait du Nord
et passerait bientôt les montagnes comme une vague déferlante
sur Carigoules. Ses mugissements sourds avertissaient de son
arrivée imminente. La pluie n’avait pas encore montré le bout de
son nez mais ça n’allait plus tarder car un taux d’humidité élevé
l’annonçait.
Chez les Giordano, tout était calme. D’une soupière posée
sur la table se dégageait un délicieux fumet, laissant deviner un
savoureux mélange de carottes, courgettes et autres pommes de
terre. La pièce n’était pas grande et servait à la fois de salle à
manger et de salon avec un canapé adossé contre le mur du fond.
Recouvert de coussins verts et jaunes aux motifs chargés, il
possédait deux accoudoirs en bois à ses extrémités. On retrouvait
souvent ce meuble dans les foyers de France avec une variante
de trois à quatre couleurs pour les coussins. Pour compléter la
déco, un papier peint ornait les murs de la pièce de grands motifs
damassés qu’on jugerait kitsch aujourd’hui mais qui étaient dans
le vent à l’époque.
Pendant que le potage répandait ses effluves dans tout
l’appartement, Giacomo tendait déjà son assiette à sa femme. Se
faire servir était l’une de ses mauvaises habitudes, prise d’abord
auprès de sa mère très présente durant son enfance puis relayée
par son épouse très aimante. Toutefois, il n’y avait rien de
choquant à cette époque où l’image patriarcale trônait dans les
mentalités. En bon chef de famille, Giacomo s’asseyait toujours
au bout de la table avec un petit rituel qui consistait à sortir son
couteau pliable de sa poche. Il en extrayait la lame du manche,
se coupait un morceau de pain avec et le positionnait devant lui
juste avant de déplier sa serviette en tissu sur ses genoux. Nico
adorait le voir pratiquer ce touchant cérémonial. S’il ne l’avait
jamais copié par la suite, il y pensait à chaque fois qu’il se mettait
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