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ti de porc et un merveilleux gratin dauphinois qu’elle avait
concocté en fin d’après-midi. Cuisinière hors-pair, elle n’en
avait pas moins l’habitude de voir son mari dans l’incapacité de
manger ses plats. Régulièrement appelé en dehors des heures
d’ouverture du cabinet et notamment pendant les repas, il
privilégiait toujours ses patients à son estomac. Sa femme n’en
était pas à son premier repas écourté, ni à son dernier.
En revanche, c’était la première fois qu’on dérangeait
Giacomo pour soigner un être vivant marchant à quatre pattes.
Comme souvent, il n’avait pas su dire non mais Flavia l’aimait
pour cette grande générosité qui le caractérisait.
Père et fils coururent jusqu’à la Renault 16 familiale, garée
sur la place. Bien évidemment, ils ne purent éviter les trombes
d’eau qui s’abattaient sur le village et mouillèrent les banquettes
en skai très en vogue dans tous les habitacles automobiles de
l’époque. Les Giordano se servaient de leur véhicule deux fois
par mois en moyenne pour faire des courses à Nice. Au mois
d’août, la R16 les emmenait aussi en Italie où ils passaient leurs
vacances en famille. Il arrivait à Giacomo de l’utiliser dans la
semaine pour faire des consultations à domicile mais dans
l’ensemble, les voitures servaient beaucoup moins
qu’aujourd’hui.
Ils suivirent l’estafette jusqu’à l’exploitation agricole en
peinant à distinguer les feux arrière de Malartigues tellement la
pluie tombait drue. Les essuie-glaces chassaient l’eau sur les
côtés avec beaucoup de difficulté. De plus, sans climatisation à
l’époque, une buée intérieure recouvrait le pare-brise en
occultant le paysage. Giacomo dut l’essuyer du revers de sa
manche pendant tout le trajet. Arrivés sur place, la grande porte
ouverte de l’étable les guida vers le théâtre des opérations. Dans
le déluge du soir, des beuglements d’inquiétude se faisaient
entendre. Si Giacomo était serein, le visage de Bernard trahissait
une inquiétude grandissante.
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concocté en fin d’après-midi. Cuisinière hors-pair, elle n’en
avait pas moins l’habitude de voir son mari dans l’incapacité de
manger ses plats. Régulièrement appelé en dehors des heures
d’ouverture du cabinet et notamment pendant les repas, il
privilégiait toujours ses patients à son estomac. Sa femme n’en
était pas à son premier repas écourté, ni à son dernier.
En revanche, c’était la première fois qu’on dérangeait
Giacomo pour soigner un être vivant marchant à quatre pattes.
Comme souvent, il n’avait pas su dire non mais Flavia l’aimait
pour cette grande générosité qui le caractérisait.
Père et fils coururent jusqu’à la Renault 16 familiale, garée
sur la place. Bien évidemment, ils ne purent éviter les trombes
d’eau qui s’abattaient sur le village et mouillèrent les banquettes
en skai très en vogue dans tous les habitacles automobiles de
l’époque. Les Giordano se servaient de leur véhicule deux fois
par mois en moyenne pour faire des courses à Nice. Au mois
d’août, la R16 les emmenait aussi en Italie où ils passaient leurs
vacances en famille. Il arrivait à Giacomo de l’utiliser dans la
semaine pour faire des consultations à domicile mais dans
l’ensemble, les voitures servaient beaucoup moins
qu’aujourd’hui.
Ils suivirent l’estafette jusqu’à l’exploitation agricole en
peinant à distinguer les feux arrière de Malartigues tellement la
pluie tombait drue. Les essuie-glaces chassaient l’eau sur les
côtés avec beaucoup de difficulté. De plus, sans climatisation à
l’époque, une buée intérieure recouvrait le pare-brise en
occultant le paysage. Giacomo dut l’essuyer du revers de sa
manche pendant tout le trajet. Arrivés sur place, la grande porte
ouverte de l’étable les guida vers le théâtre des opérations. Dans
le déluge du soir, des beuglements d’inquiétude se faisaient
entendre. Si Giacomo était serein, le visage de Bernard trahissait
une inquiétude grandissante.
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