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table. Ainsi, l’image de son père remontait chaque jour dans sa
tête avec bonheur.

Tandis que Flavia servait son mari, Nicolas fixait le poste de
télévision que la famille avait acheté trois mois plus tôt. C’était
la retransmission de la coupe du monde de football en Argentine
au début de l’été qui avait poussé Giacomo à remplacer leur
vieux téléviseur noir et blanc par un nouveau modèle en couleur.
Il était soigneusement posé sur une console à roulettes dans
l’angle de la pièce à hauteur de la table.

À l’approche des années quatre-vingt, les français
commençaient à être gagnés par la consommation de biens
d’équipement. L’impact de la publicité n’était plus à prouver et
les annonceurs en abusaient déjà. Pendant des semaines, les
marques Grundig, Schneider, Thomson ou Telefunken avaient
vanté haut et fort les mérites de la couleur pour repérer les
maillots chamarrés dans les stades argentins. Ainsi au début du
mois de juin, les Giordano avaient cédé à ces chants de sirènes
consuméristes.

Leur achat n’avait pas porté chance à l’équipe de France,
éliminée dès le premier tour de la compétition, mais la famille
Giordano s’en fichait car leurs racines lombardes les poussaient
à ne supporter qu’une équipe, celle d’Italie. Plus flamboyante,
cette dernière avait malheureusement échoué au pied du podium,
en finissant quatrième derrière l’Argentine, les Pays Bas et le
Brésil.

Fort heureusement, le bel été sur Carigoules avait chassé de
l’esprit de Nicolas le mauvais classement de la squadra azzura.
Son père lui répétait que le foot n’était qu’un jeu et que leur
équipe préférée aurait d’autres opportunités. La preuve puisque
dès la compétition suivante quatre ans plus tard en Espagne,
l’Italie sera sacrée championne du monde. Mais le garçon ne
pouvait pas le deviner d’autant plus que ce soir-là, il était
concentré sur le programme de la première chaine.

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