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Sa combinaison kaki, entachée de sang, plantait un décor
inquiétant. Le moteur de son estafette, garée en double file,
crachait une fumée toxique dont les émanations n’inquiétaient
pas encore ou si peu les autorités sanitaires.

— Qu’est-ce qui se passe Malartigues ? Demanda Giacomo
en le reconnaissant.

— J’ai besoin de vous. Hurla le paysan par-dessus les
grondements du tonnerre.

Bernard Malartigues était éleveur de bovins à Carigoules.
Son exploitation avait fière allure et l’homme était bien connu
dans la commune. Bâti comme un rugbyman, il donnait
l’impression d’avoir une force herculéenne. D’ailleurs, il était
rarement malade. C’était toujours Giacomo qui se déplaçait chez
lui pour l’ausculter afin de lui prescrire son traitement pour
l’hypertension. Bien qu’un peu rustre en société de par ses
manières campagnardes, il n’en restait pas moins un citoyen
attachant et un compagnon fort agréable pour le Docteur
Giordano qui partageait avec lui la passion de la chasse.

— Qu’est-ce qui vous arrive ? C’est votre femme, votre
fils ? Questionna le médecin en s’inquiétant de voir
autant de sang sur sa tenue de travail.

— Non Docteur, c’est une de mes vacas qu’est en train de
vêler et ça se passe mal.

— Mais Bernard, je suis médecin pas vétérinaire.
— Je ne suis pas babatchou2 mais adiéou baraca3 si on ne fait

rien. Mon véto habite à Nice et ma bête sera morte avant
qu’il arrive. J’ai besoin de vous Giacomo !
Bernard n’appelait jamais le médecin par son prénom. Il lui
servait du Docteur à tour de bras même lorsqu’ils chassaient

2nigaud
3c’est foutu

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