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Le mystère de sa disparition commençait…
Au même moment, l’ophtalmologiste se trouvait à bord d’un

train qui filait vers le Sud de la France et qui avait quitté la gare

de Lyon cinquante minutes plus tôt. Lancé à pleine vitesse, le

TGV glissait à travers le paysage comme une bille de flipper

dans son rail de lancement. Depuis son siège le long de la vitre,

Nicolas observait les tableaux naturels de cubisme que formaient

les champs, les bosquets et les villages de France sur son chemin.
C’était coloré, joyeux, loin de sa ville étouffante. Cela faisait
longtemps qu’il n’avait pas mis les pieds hors de Paris.

Bien trop longtemps…
Le médecin s’était réveillé tôt le matin, perturbé à la fois par

le retour tardif de sa femme durant la nuit mais aussi par sa fin

de journée compliquée la veille. Après sa douche, il était monté

dans sa voiture en direction de son cabinet. Mais au premier

carrefour, il avait bifurqué vers la gare de Lyon, où il avait acheté

un billet en caisse automatique avant de monter dans le premier

train en partance pour Nice. Les apparences étaient trompeuses

car son acte était réfléchi.
Cela faisait longtemps qu’il avait envie de le faire mais le

déclic avait eu lieu en sortant du bloc la veille.
À côté de Nicolas, une dame lisait l’Education sentimentale

de Gustave Flaubert. Plongée dans sa lecture, ou plutôt l’une de
ses nombreuses relectures, la septuagénaire s’appelait Gisèle
Denis. Cette retraitée de l’éducation nationale ne semblait porter

aucune attention à son voisin depuis le départ du train ; sauf
qu’au bout d’une heure de voyage, elle leva les yeux de son livre
et lui demanda d’une voix douce :

— Tout va bien monsieur ?

Surpris quelque peu par sa question, Nicolas lui répondit :
— Oui. Pourquoi me demandez-vous ça ?
C’est vrai qu’il avait pris un comprimé quelques minutes
plus tôt mais il l’avait fait en toute discrétion. Il aurait juré
qu’elle n’avait rien vu.

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