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TE
J’ai rencontré quelqu’un récemment. Je la connais depuis longtemps. Elle et moi ne
vivions pas éloignés l’un de l’autre sur la commune de Mézidon-Canon, bourgade
normande de 5 000 habitants située entre Caen et Lisieux en Normandie.
Un lieu où à l’époque, la moitié de la population était composée de petits
commerçants et l’autre de gens travaillant dans des industries telles que la SNCF, la
Biscuiterie Normande ou encore l’usine plastique et où le sport était pour les jeunes
la seule façon de se sortir du rythme de violences sociales quotidiennes.
Je n’ai jamais eu la chance de lui parler beaucoup. Nous n’avions pas le même âge
ni ne faisions les mêmes choses. Néanmoins, j’avais inconsciemment gardé son
visage en tête parce que de là où je vivais alors, je la voyais passer montant ou
descendant au stade en courant chaque jour entre 18h et 19h.
D’après ce que je savais, elle n’était pas du genre bavarde. Elle était plutôt réservée
quand elle était heureuse et à part le fait qu’elle s’entourait principalement d’amis
garçons qui l’appelaient ‘Dédé’ (une façon de dire qu’elle était l’une des leurs), elle
se rendait aussi régulièrement à l’église et était connue dans le village comme
quelqu’un qui collectionnait les médailles et autres récompenses de par son
implication dans le sport.
Et, quand on ne la voyait pas physiquement, on la retrouvait dans le journal local
hebdomadaire ‘Le Pays d’Auge’ Elle était ceinture bleue de judo et était aussi
championne à la fois en basket-ball et en athlétisme où elle explosait les records
dans le domaine de la course de haies courant sous l’égide de l’ASSU au stade
Hélitas de Caen tous les mercredis de septembre à Juin avant les qualifications aux
championnats de France.
On remarquait sa plastique. Elle n’avait pas la beauté que l’on voit dans les
magazines de mode, non, mais celle qui attire l’attention. On la disait honnête, polie,
aimant les gens ce qui forçait le respect. Je peux dire qu’il n’y avait rien qu’on puisse
lui reprocher.
Cependant, bien que ses parents vinssent de faire construire peu avant notre
première rencontre et qu’ils bénéficiaient d’un grand jardin à l’arrière de la propriété,
il se disait qu’ils ne purent réussir une vie familiale harmonieuse. La mère était
effacée et le père caractériel et autoritaire provoquant des conflits permanents au
sein de la famille.
Elle ne fût jamais capable de trouver une paix constructive qui lui aurait permis de se
concentrer suffisamment pour réussir ses études. Aussi, dès qu’elle le pu, elle quitta
la région. Elle se rendit en Alsace tout d’abord puis de là, s’inscrivit à un travail de
jeune fille au-pair et vécu en Angleterre pendant six mois. A son retour, elle anima la
radio Sélune de la Baie du Mont Saint Michel puis reparti vivre à Norwich en
Angleterre avant de signer comme GO (Gentille Organisatrice) et travailler dans les
villages Club Med de Marbella, Vittel, puis de Bora-Bora en Polynésie Française.
Et, pour la petite histoire, figurez-vous que je viens de la retrouver. Elle habite encore
à deux pas de chez moi mais cette fois sur la côte fleurie entre Cabourg et Deauville
à une trentaine de kilomètres de l’endroit où je l’ai vu grandir. Elle a créé sa propre
Ecole de Langues gagnant sa vie à enseigner le français aux étrangers et l’anglais
aux français ici à Villers sur mer. Elle vit au premier étage d’une bâtisse normande à
colombages sur trois niveaux, construite au début du siècle dernier.
Solitaire, elle sort peu mais l’été, elle s’amuse sur le trampoline géant de son fils
unique Julien avec ses deux petits-enfants Kilian et Ilana.
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J’ai rencontré quelqu’un récemment. Je la connais depuis longtemps. Elle et moi ne
vivions pas éloignés l’un de l’autre sur la commune de Mézidon-Canon, bourgade
normande de 5 000 habitants située entre Caen et Lisieux en Normandie.
Un lieu où à l’époque, la moitié de la population était composée de petits
commerçants et l’autre de gens travaillant dans des industries telles que la SNCF, la
Biscuiterie Normande ou encore l’usine plastique et où le sport était pour les jeunes
la seule façon de se sortir du rythme de violences sociales quotidiennes.
Je n’ai jamais eu la chance de lui parler beaucoup. Nous n’avions pas le même âge
ni ne faisions les mêmes choses. Néanmoins, j’avais inconsciemment gardé son
visage en tête parce que de là où je vivais alors, je la voyais passer montant ou
descendant au stade en courant chaque jour entre 18h et 19h.
D’après ce que je savais, elle n’était pas du genre bavarde. Elle était plutôt réservée
quand elle était heureuse et à part le fait qu’elle s’entourait principalement d’amis
garçons qui l’appelaient ‘Dédé’ (une façon de dire qu’elle était l’une des leurs), elle
se rendait aussi régulièrement à l’église et était connue dans le village comme
quelqu’un qui collectionnait les médailles et autres récompenses de par son
implication dans le sport.
Et, quand on ne la voyait pas physiquement, on la retrouvait dans le journal local
hebdomadaire ‘Le Pays d’Auge’ Elle était ceinture bleue de judo et était aussi
championne à la fois en basket-ball et en athlétisme où elle explosait les records
dans le domaine de la course de haies courant sous l’égide de l’ASSU au stade
Hélitas de Caen tous les mercredis de septembre à Juin avant les qualifications aux
championnats de France.
On remarquait sa plastique. Elle n’avait pas la beauté que l’on voit dans les
magazines de mode, non, mais celle qui attire l’attention. On la disait honnête, polie,
aimant les gens ce qui forçait le respect. Je peux dire qu’il n’y avait rien qu’on puisse
lui reprocher.
Cependant, bien que ses parents vinssent de faire construire peu avant notre
première rencontre et qu’ils bénéficiaient d’un grand jardin à l’arrière de la propriété,
il se disait qu’ils ne purent réussir une vie familiale harmonieuse. La mère était
effacée et le père caractériel et autoritaire provoquant des conflits permanents au
sein de la famille.
Elle ne fût jamais capable de trouver une paix constructive qui lui aurait permis de se
concentrer suffisamment pour réussir ses études. Aussi, dès qu’elle le pu, elle quitta
la région. Elle se rendit en Alsace tout d’abord puis de là, s’inscrivit à un travail de
jeune fille au-pair et vécu en Angleterre pendant six mois. A son retour, elle anima la
radio Sélune de la Baie du Mont Saint Michel puis reparti vivre à Norwich en
Angleterre avant de signer comme GO (Gentille Organisatrice) et travailler dans les
villages Club Med de Marbella, Vittel, puis de Bora-Bora en Polynésie Française.
Et, pour la petite histoire, figurez-vous que je viens de la retrouver. Elle habite encore
à deux pas de chez moi mais cette fois sur la côte fleurie entre Cabourg et Deauville
à une trentaine de kilomètres de l’endroit où je l’ai vu grandir. Elle a créé sa propre
Ecole de Langues gagnant sa vie à enseigner le français aux étrangers et l’anglais
aux français ici à Villers sur mer. Elle vit au premier étage d’une bâtisse normande à
colombages sur trois niveaux, construite au début du siècle dernier.
Solitaire, elle sort peu mais l’été, elle s’amuse sur le trampoline géant de son fils
unique Julien avec ses deux petits-enfants Kilian et Ilana.
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