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appartenaient. Autant dire qu’il faisait la pluie et le beau temps
sur le sol étasunien.
Sa lubie du moment était de suivre un jeune loup aux dents blanches
et à la mèche bien faite qui venait de se faire élire à la chambre
des représentants dans le Massachusetts. Marge adorait ce nom, le
Massachusetts. Chaque fois que Cary l’évoquait avec son accent de
la côte Est, elle explosait de rire. Le Massachusetts. Elle se disait
qu’il était impossible de dire une phrase sérieuse avec un mot pa-
reil à l’intérieur. Massachusetts, puis elle redevenait attentive aux
histoires de son amoureux, tant ses allocutions se faisaient rares.
Elle se mordillait quand même l’intérieur de la joue, sans porter at-
tention au fait que Cary, parlait là, du futur 35e président des États-
Unis. Les amants n’avaient plus que 24 heures devant eux. Les
affaires étaient les affaires et en 1947, un bon business était « une
entreprise où le patron montrait qu’il était le patron » !
Mogul prenait un plaisir infini à arpenter les couloirs de ses rédac-
tions, sentir le cigare bon marché et le café tièdement flotteux. Il
aimait qu’on le craigne, il adorait qu’on l’adore mais il ne montrait
rien de tout ça. Ses troupes devaient être rassurées par sa présence
et redouter ses colères. Tout ne tenait qu’à un fil et Cary était un
merveilleux funambule. Tous les deux se promirent de se revoir
avant un mois. 10 minutes leur semblaient déjà trop longues. Une
fois à l’aéroport, le Bellanca Cruise Master aux couleurs de la com-
pagnie de presse attendait son fondateur. Le pilote se comportait
comme un chauffeur de limousine, à ouvrir la porte, servir un verre
de whisky et être aux petits soins avec son passager de patron. Le
soleil se couchait, Marge était persuadée que la fumée des gaz
d’échappement formerait un cœur dans ce ciel si clair. Elle venait
de passer la plus belle semaine de sa vie.
Bertille & Jean-Lo
Bertille détestait toutes ces femmes en Mini Country, Mini Sport,
Mini Cab, Mini Club. Elle trouvait ça d’une vulgarité absolue,
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sur le sol étasunien.
Sa lubie du moment était de suivre un jeune loup aux dents blanches
et à la mèche bien faite qui venait de se faire élire à la chambre
des représentants dans le Massachusetts. Marge adorait ce nom, le
Massachusetts. Chaque fois que Cary l’évoquait avec son accent de
la côte Est, elle explosait de rire. Le Massachusetts. Elle se disait
qu’il était impossible de dire une phrase sérieuse avec un mot pa-
reil à l’intérieur. Massachusetts, puis elle redevenait attentive aux
histoires de son amoureux, tant ses allocutions se faisaient rares.
Elle se mordillait quand même l’intérieur de la joue, sans porter at-
tention au fait que Cary, parlait là, du futur 35e président des États-
Unis. Les amants n’avaient plus que 24 heures devant eux. Les
affaires étaient les affaires et en 1947, un bon business était « une
entreprise où le patron montrait qu’il était le patron » !
Mogul prenait un plaisir infini à arpenter les couloirs de ses rédac-
tions, sentir le cigare bon marché et le café tièdement flotteux. Il
aimait qu’on le craigne, il adorait qu’on l’adore mais il ne montrait
rien de tout ça. Ses troupes devaient être rassurées par sa présence
et redouter ses colères. Tout ne tenait qu’à un fil et Cary était un
merveilleux funambule. Tous les deux se promirent de se revoir
avant un mois. 10 minutes leur semblaient déjà trop longues. Une
fois à l’aéroport, le Bellanca Cruise Master aux couleurs de la com-
pagnie de presse attendait son fondateur. Le pilote se comportait
comme un chauffeur de limousine, à ouvrir la porte, servir un verre
de whisky et être aux petits soins avec son passager de patron. Le
soleil se couchait, Marge était persuadée que la fumée des gaz
d’échappement formerait un cœur dans ce ciel si clair. Elle venait
de passer la plus belle semaine de sa vie.
Bertille & Jean-Lo
Bertille détestait toutes ces femmes en Mini Country, Mini Sport,
Mini Cab, Mini Club. Elle trouvait ça d’une vulgarité absolue,
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