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y ne voyait rien, sa femme était un roc. C’était elle la stabi-
lité. C’était elle le rayon de soleil de la famille. Lui, il ramenait
la tune, assurait le train de vie, jouait avec les gosses de temps
en temps et kiffait un max ses parties poker. C’était comme ça,
presque de façon contractuelle, tout était sous contrôle. Il s’était
assez emmerdé durant son adolescence à faire plaisir à son père
névrosé, à faire son école de commerce, construire une famille
parfaite pour maintenant se prendre la tête avec tout ça. Pour lui,
la mission était accomplie et le reste de sa vie serait plaisir et
farniente.
Quand elle googlisa « médicament pour se suicider » - SOS Ami-
tié 09 72 39 40 50 - lui sauta au visage. Quelle planche de salut.
Elle n’était pas assez courageuse pour se pendre et puis l’idée
que ses enfants la découvrent ainsi lui donnait la nausée. Elle ne
voulait pas non plus se jeter. Ses vertiges lui auraient sauvé la vie
et c’est tout ce qu’elle souhaitait éviter. Ils n’avaient pas d’arme à
feu ou juste pour la déco. Les médicaments c’était la bonne solu-
tion, partir en dormant à côté de son homme dans le calme de sa
jolie maison. Mourir ainsi la rendrait heureuse. Pour son gabarit il
suffisait de 50 Ibuproféne, soit environ 30 grammes. En fouinant
dans son tiroir à bordel, Béa savait qu’elle avait cette quantité
diabolique de gélules. Elle en prenait régulièrement pour calmer
ses règles douloureuses. Vers 4h du matin, elle fit 38 fois le même
geste, retirant le petit opercule d’aluminium et posant les compri-
més dans une tasse à café. « Merde, de merde, de merde…! » Il
lui en manquait 12, juste une boîte, une seule petite boîte. Elle ne
voulait surtout pas se rater. La honte absolue si elle venait à mous-
ser par la bouche en vomissant dans son lit. Finir aux urgences
avec un lavage de l’estomac, quelle bassesse, quelle humiliation.
Comment aurait-elle pu ensuite regarder Tony dans les yeux?
Comment aurait-elle pu apporter ses enfants à l’école et sourire
à la directrice comme tous les matins ? Comment aurait-elle pu
continuer à vivre si elle n’arrivait pas à se tuer correctement ?
Il lui fallait absolument une boîte d’Ibuproféne supplémentaire.
Dans son sac, elle en avait toujours une dans son sac. Son Da-
rel avait la bandoulière sur le perroquet. Elle plongea une main
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lité. C’était elle le rayon de soleil de la famille. Lui, il ramenait
la tune, assurait le train de vie, jouait avec les gosses de temps
en temps et kiffait un max ses parties poker. C’était comme ça,
presque de façon contractuelle, tout était sous contrôle. Il s’était
assez emmerdé durant son adolescence à faire plaisir à son père
névrosé, à faire son école de commerce, construire une famille
parfaite pour maintenant se prendre la tête avec tout ça. Pour lui,
la mission était accomplie et le reste de sa vie serait plaisir et
farniente.
Quand elle googlisa « médicament pour se suicider » - SOS Ami-
tié 09 72 39 40 50 - lui sauta au visage. Quelle planche de salut.
Elle n’était pas assez courageuse pour se pendre et puis l’idée
que ses enfants la découvrent ainsi lui donnait la nausée. Elle ne
voulait pas non plus se jeter. Ses vertiges lui auraient sauvé la vie
et c’est tout ce qu’elle souhaitait éviter. Ils n’avaient pas d’arme à
feu ou juste pour la déco. Les médicaments c’était la bonne solu-
tion, partir en dormant à côté de son homme dans le calme de sa
jolie maison. Mourir ainsi la rendrait heureuse. Pour son gabarit il
suffisait de 50 Ibuproféne, soit environ 30 grammes. En fouinant
dans son tiroir à bordel, Béa savait qu’elle avait cette quantité
diabolique de gélules. Elle en prenait régulièrement pour calmer
ses règles douloureuses. Vers 4h du matin, elle fit 38 fois le même
geste, retirant le petit opercule d’aluminium et posant les compri-
més dans une tasse à café. « Merde, de merde, de merde…! » Il
lui en manquait 12, juste une boîte, une seule petite boîte. Elle ne
voulait surtout pas se rater. La honte absolue si elle venait à mous-
ser par la bouche en vomissant dans son lit. Finir aux urgences
avec un lavage de l’estomac, quelle bassesse, quelle humiliation.
Comment aurait-elle pu ensuite regarder Tony dans les yeux?
Comment aurait-elle pu apporter ses enfants à l’école et sourire
à la directrice comme tous les matins ? Comment aurait-elle pu
continuer à vivre si elle n’arrivait pas à se tuer correctement ?
Il lui fallait absolument une boîte d’Ibuproféne supplémentaire.
Dans son sac, elle en avait toujours une dans son sac. Son Da-
rel avait la bandoulière sur le perroquet. Elle plongea une main
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