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ans en essuyant ses larmes de l’autre. Elle ne la trouva pas.
Elle attrapa son Charlotte et le retourna sur la table du salon. Clefs,
lunettes de soleil, tampons, tic-tac, déo, rouge à lèvres, crème hy-
dratante, chargeur, porte-cartes, miroir-lampe-de-poche, brosse à
cheveux, fil dentaire, badge de bureau, stylo « la Matmut, elle
assure », clef USB, Kinder Bueno, une boîte d’Ibuproféne et un
papier plié en 4. Béatrice commença à décapsuler ses médocs, 47,
48, 49, 50. En se faisant couler un grand verre d’eau elle déplia
ce flyer dont elle n’avait pas connaissance. « Le 25 mars, votre
seule béquille, c’est Bertille ». Elle vit une larme s’écraser au sol
comme un tsunami. Remonta se coucher. Le matin suivant tout
reprenait son cours.
Émelyne & Tibo
C’est jamais agréable à 10 ans de voir ses parents se faire engloutir
par des sables mouvants, ça pose des fondations en carton-plume,
structure un squelette psychologique en vapeur d’eau. Jean-Marc,
le papa de « Tibo », avait toujours travaillé sur les chaînes de la
régie de Renault Sandouville, non loin du port du Havre. Il y avait
tout fait. Monté des portières de R12, des pare-chocs de R30, des
moteurs de R21, des sièges de R25 mais l’échec de la Vel Satis
lui fut fatal. Pis il avait une trop grande gueule. Les patrons s’en
méfiaient, les délégués du personnel aussi. En 2007 ce carrossier
de formation fut viré à la première opportunité. Sur le carreau le
Jean-Marc. Les syndicats ne lui furent d’aucune utilité. Le parti
communiste encore moins. Il brûla sa collection d’Humanité et se
mit à picoler du rouge.
— Ils préfèrent payer des Roumains pour fabriquer des caisses
de merde que de sauver nos emplois. Dacia, c’est pas des ba-
gnoles c’est des cercueils à roulettes. Enculé de Carlos Ghosn.
Libanais de mes couilles. Un jour j’te buterai sale batard de
juif ! » Voilà un petit condensé des propos quotidiens qu’en-
tendait Renaud alias Tibo, quand sous sa couette, il essayait
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Elle attrapa son Charlotte et le retourna sur la table du salon. Clefs,
lunettes de soleil, tampons, tic-tac, déo, rouge à lèvres, crème hy-
dratante, chargeur, porte-cartes, miroir-lampe-de-poche, brosse à
cheveux, fil dentaire, badge de bureau, stylo « la Matmut, elle
assure », clef USB, Kinder Bueno, une boîte d’Ibuproféne et un
papier plié en 4. Béatrice commença à décapsuler ses médocs, 47,
48, 49, 50. En se faisant couler un grand verre d’eau elle déplia
ce flyer dont elle n’avait pas connaissance. « Le 25 mars, votre
seule béquille, c’est Bertille ». Elle vit une larme s’écraser au sol
comme un tsunami. Remonta se coucher. Le matin suivant tout
reprenait son cours.
Émelyne & Tibo
C’est jamais agréable à 10 ans de voir ses parents se faire engloutir
par des sables mouvants, ça pose des fondations en carton-plume,
structure un squelette psychologique en vapeur d’eau. Jean-Marc,
le papa de « Tibo », avait toujours travaillé sur les chaînes de la
régie de Renault Sandouville, non loin du port du Havre. Il y avait
tout fait. Monté des portières de R12, des pare-chocs de R30, des
moteurs de R21, des sièges de R25 mais l’échec de la Vel Satis
lui fut fatal. Pis il avait une trop grande gueule. Les patrons s’en
méfiaient, les délégués du personnel aussi. En 2007 ce carrossier
de formation fut viré à la première opportunité. Sur le carreau le
Jean-Marc. Les syndicats ne lui furent d’aucune utilité. Le parti
communiste encore moins. Il brûla sa collection d’Humanité et se
mit à picoler du rouge.
— Ils préfèrent payer des Roumains pour fabriquer des caisses
de merde que de sauver nos emplois. Dacia, c’est pas des ba-
gnoles c’est des cercueils à roulettes. Enculé de Carlos Ghosn.
Libanais de mes couilles. Un jour j’te buterai sale batard de
juif ! » Voilà un petit condensé des propos quotidiens qu’en-
tendait Renaud alias Tibo, quand sous sa couette, il essayait
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