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vivialité. La place Alain Minc était une fourmilière. Il y avait
une émulsion autour de Bertille, ça se percevait, se sentait sans
sourciller. La candidate était devenue la grande favorite pour faire
basculer la municipalité.

Quand Béatrice vit Tony dehors, elle lui sourit et sortit dans la foulée.
Ils s’embrassèrent, les cloches de Saint-André sonnaient, les pigeons
s’envolèrent, la scène était kitch à souhait. Ils s’en foutaient !
Elle prit la main de son mari et le tira vers l’arrière cuisine, c’était
un accès privé. Personne n’y pénétrait à condition d’être dans
l’équipe de campagne. Le seul endroit un peu au calme. Tony dit
bonjour à tout le monde et commença à déguster son plat préparé
avec amour par son boucher.
Voyant que Béatrice ne tenait pas en place, il décida d’écourter
son déjeuner, finit sa barquette de semoule agrémentée, recula sa
chaise et leva le bras en guise d’hasta la vista.
En s’emmitouflant dans sa parka il vit une coupe afro derrière un
écran. C’était la première fois qu’il rencontrait la nouvelle recrue
et par politesse Tony s’avança pour se présenter.
Rokia Uwimana leva le visage lentement et ferma les paupières.
Tout s’effondrait. Tony la fixa les yeux dans les yeux. Un film en
accéléré.
L’affaire Grouchon, la terrasse de café, la philosophie. Tout lui
sauta à la gueule comme un prédateur affamé.

Tony lui fit un signe de la tête pour acquiescer. Tony lui fit com-
prendre que cette fois, il n’était pas là pour la freiner. Tony savait
que des choses allaient éclater.
Mais Tony s’en foutait car pour lui, toute cette merde n’était plus
sa réalité.

Bertille & Marge

Elles se devaient de rentrer. Bertille était reposée, l’esprit clair et
ordonné. Durant plus d’une semaine, Marge avait été son corset.

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