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ides et radicales. Elle savait que Bertille avait pris sa déci-
sion. Rien ne la ferait revenir en arrière. Que face au monde,
elle simulerait l’amnésie pour mieux s’échapper de sa volière.
La vieille aventurière ne pouvait que cautionner cette quête
de liberté. Elle n’aimait pas la forme. À ses yeux le mensonge
n’est jamais la solution. Mais bénissait le fond, car s’affranchir
des codes de son éducation était une démarche incroyablement
courageuse et nécessaire pour se connaître soi-même.
D’un geste délicat, elle lui montra qu’elle serait toujours là, en se
doutant qu’elles se voyaient probablement pour la dernière fois.
Maintenant que Marge savait, il lui était compliqué de rester
à son contact. Garder un secret est une sacré responsabilité.
Bertille ne se doutait toujours pas que Yasmina Bensaïd pou-
vait, comme ça, pénétrer les âmes de proximité. D’ailleurs qui
aurait pu se l’imaginer ? Comme il est rare d’être au contact
d’une femme qui a un super pouvoir.
Bertille encercla Marge de ses bras fins et frêles, plongeant
dans son parfum au vétiver. Posa son front dans le creux de
son cou, comme un bébé le ferait avec sa mère. Des adieux, de
l’amour, des non-dits. Sentiments contraires enroulés de mys-
tère.
Instant précieux et avenir flou, son choix n’était plus de deve-
nir populaire.
Comme un rayon de soleil qui se pose sur une écorce pour en
magnifier sa fragilité, Marge venait de comprendre à l’instant
même pourquoi elle s’était associée à cette histoire compliquée.
Pourquoi elle s’était attachée à ces femmes dont les valeurs la
rebutaient. Pourquoi tout simplement elle s’était écoutée.
L’œuvre finie était devant elle, métamorphosée en madone ir-
réelle. Bertille n’avait plus l’aridité des personnes convain-
cues, mais la fraîcheur de ceux qui n’ont encore rien vu. Une
fois de plus, Marge avait sauvé une vie. Le ressentir la rendit
étourdie. Elles s’embrassèrent, réalisant ce qu’elles représen-
taient l’une pour l’autre. La Bentley s’éloigna.
Marge rentra chez elle, se mit à son piano et s’effondra.
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sion. Rien ne la ferait revenir en arrière. Que face au monde,
elle simulerait l’amnésie pour mieux s’échapper de sa volière.
La vieille aventurière ne pouvait que cautionner cette quête
de liberté. Elle n’aimait pas la forme. À ses yeux le mensonge
n’est jamais la solution. Mais bénissait le fond, car s’affranchir
des codes de son éducation était une démarche incroyablement
courageuse et nécessaire pour se connaître soi-même.
D’un geste délicat, elle lui montra qu’elle serait toujours là, en se
doutant qu’elles se voyaient probablement pour la dernière fois.
Maintenant que Marge savait, il lui était compliqué de rester
à son contact. Garder un secret est une sacré responsabilité.
Bertille ne se doutait toujours pas que Yasmina Bensaïd pou-
vait, comme ça, pénétrer les âmes de proximité. D’ailleurs qui
aurait pu se l’imaginer ? Comme il est rare d’être au contact
d’une femme qui a un super pouvoir.
Bertille encercla Marge de ses bras fins et frêles, plongeant
dans son parfum au vétiver. Posa son front dans le creux de
son cou, comme un bébé le ferait avec sa mère. Des adieux, de
l’amour, des non-dits. Sentiments contraires enroulés de mys-
tère.
Instant précieux et avenir flou, son choix n’était plus de deve-
nir populaire.
Comme un rayon de soleil qui se pose sur une écorce pour en
magnifier sa fragilité, Marge venait de comprendre à l’instant
même pourquoi elle s’était associée à cette histoire compliquée.
Pourquoi elle s’était attachée à ces femmes dont les valeurs la
rebutaient. Pourquoi tout simplement elle s’était écoutée.
L’œuvre finie était devant elle, métamorphosée en madone ir-
réelle. Bertille n’avait plus l’aridité des personnes convain-
cues, mais la fraîcheur de ceux qui n’ont encore rien vu. Une
fois de plus, Marge avait sauvé une vie. Le ressentir la rendit
étourdie. Elles s’embrassèrent, réalisant ce qu’elles représen-
taient l’une pour l’autre. La Bentley s’éloigna.
Marge rentra chez elle, se mit à son piano et s’effondra.
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