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ge débuta « La Marche Turque » pour rythmer ce gala où elle
commençait doucement à s’emmerder. Habituellement elle mettait
la noire à 126 mais elle décida de hausser légèrement le tempo pour
fouetter un peu l’assemblée. Les lustres frissonnaient de plaisir, les
décibels montaient, les rires s’engraissaient, les yeux se plissaient,
les fronts se ridaient de plus en plus.
5 coups de feu. Une porte vitrée explosa. Alex s’écroula. Des hur-
lements retentirent. Le sang coulait entre les lattes du parquet. La
foule déguerpit. Bertille était à genoux, tenant une tête couverte
de pento et d’hémoglobine. Ses mains rouges sentaient la viande.
Marge était sous le Steinway. La fête avait vraiment commencé.
Émelyne était en larmes, enfermée à double tours dans les toilettes
près de la grande cuisine. Elle mit du temps à dégainer son portable
pour envoyer un SMS à Tibo. Puis un message à sa mère pour lui
dire qu’elle l’aimait, alors que ce n’était pas du tout le cas. La se-
conde rafale fit voler en éclat une partie de l’énorme bow-window
qui se situait à l’extrême droite de la salle. L’odeur de la poudre
était insupportable.
Béatrice était étonnamment calme, recloîtrée sous son escalier et em-
mitouflée dans les bras d’un Tony tremblotant. Elle ne ressentait rien.
Planait dans un monde parallèle, tout était irréel. L’adrénaline avait
envahi chacune des parcelles de son corps. Des mots en arabe reten-
tirent à base de « allahu akbar », « nardinamouk ». Autant dire que
ce n’était pas du Naguib Mahfouz en terme de syntaxe. Les quatre
jeunes hommes étaient cagoulés, bombers noir à doublure orange,
pantalon à poches sur les côtés, chaussures montantes à lacets.
Jean-Laurent avait emmené le maximum de convives terrorisés à la
cave et s’étaient enfermés via un digicode. Faut dire qu’il y en avait
pour un demi-million de pinard là-dedans. Problème, aucun réseau.
Il fallait donc attendre et entendre les cris d’horreur à l’étage, sans
savoir ce qu’il s’y passait vraiment. Une dernière salve fit tomber
une gigantesque suspension en verre soufflé. La déflagration ré-
sonna de longues minutes encore après l’impact au sol. Les types
traversèrent la cour, sautèrent dans une Audi A4 qui les attendait le
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commençait doucement à s’emmerder. Habituellement elle mettait
la noire à 126 mais elle décida de hausser légèrement le tempo pour
fouetter un peu l’assemblée. Les lustres frissonnaient de plaisir, les
décibels montaient, les rires s’engraissaient, les yeux se plissaient,
les fronts se ridaient de plus en plus.
5 coups de feu. Une porte vitrée explosa. Alex s’écroula. Des hur-
lements retentirent. Le sang coulait entre les lattes du parquet. La
foule déguerpit. Bertille était à genoux, tenant une tête couverte
de pento et d’hémoglobine. Ses mains rouges sentaient la viande.
Marge était sous le Steinway. La fête avait vraiment commencé.
Émelyne était en larmes, enfermée à double tours dans les toilettes
près de la grande cuisine. Elle mit du temps à dégainer son portable
pour envoyer un SMS à Tibo. Puis un message à sa mère pour lui
dire qu’elle l’aimait, alors que ce n’était pas du tout le cas. La se-
conde rafale fit voler en éclat une partie de l’énorme bow-window
qui se situait à l’extrême droite de la salle. L’odeur de la poudre
était insupportable.
Béatrice était étonnamment calme, recloîtrée sous son escalier et em-
mitouflée dans les bras d’un Tony tremblotant. Elle ne ressentait rien.
Planait dans un monde parallèle, tout était irréel. L’adrénaline avait
envahi chacune des parcelles de son corps. Des mots en arabe reten-
tirent à base de « allahu akbar », « nardinamouk ». Autant dire que
ce n’était pas du Naguib Mahfouz en terme de syntaxe. Les quatre
jeunes hommes étaient cagoulés, bombers noir à doublure orange,
pantalon à poches sur les côtés, chaussures montantes à lacets.
Jean-Laurent avait emmené le maximum de convives terrorisés à la
cave et s’étaient enfermés via un digicode. Faut dire qu’il y en avait
pour un demi-million de pinard là-dedans. Problème, aucun réseau.
Il fallait donc attendre et entendre les cris d’horreur à l’étage, sans
savoir ce qu’il s’y passait vraiment. Une dernière salve fit tomber
une gigantesque suspension en verre soufflé. La déflagration ré-
sonna de longues minutes encore après l’impact au sol. Les types
traversèrent la cour, sautèrent dans une Audi A4 qui les attendait le
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