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l’eau ne sortait que son visage tel un masque égyptien dans un
sarcophage. La lumière tamisée lui donnait l’impression d’être
dehors. De sa baignoire, elle sentait le calme infini de la nuit et
l’effervescence excitante de la 59e rue. Sans que ça ne la fasse
sursauter, deux mains larges et rugueuses lui englobèrent les
seins. Elle avait senti la présence de Cary. Marge savait toujours
quand il était à moins de 200 mètres. Elle devenait plus liquide
que la pluie. Les caresses de son amoureux la rendaient flaque. Il
fallait qu’elle prenne garde à ne pas se faire aspirer par le « trop
plein ». Il retira son costume et s’encastra en face d’elle malgré
la taille olympique du bassin. Il firent l’amour sans se soucier de
l’heure passante.
Elle aimait voir son magna se manier avec soin. Quand il se ra-
sait, ses gestes étaient plus précis qu’un sculpteur italien. Marge
lui demanda de ne pas se parfumer. « On ne met pas de ketchup
sur un grand grand plat étoilé » lui glissa-t-elle au creux de
l’oreille. Cary ne comprenait pas forcément toutes les subtilités
de la langue française, mais avec son aimante, les mots deve-
naient accessoires. Il était prêt, elle était nue. « On va être en re-
tard ma chérie, ne compte pas sur moi pour faire retarder le début
de la pièce ». Il en avait le pouvoir.
Sept secondes plus tard Marge éclaboussa toute la presqu’île
d’une foudre inconnue. Une Madone sans religion. De la dou-
ceur dans un écrin. Une beauté incommensurable. Sa Dress Gold
Lamé c’était Hiroshima. Une déflagration totale sans chance de
survivant. L’arme de destruction massive. Il aurait fallu un permis
de chasse pour porter une telle robe. Le fourreau n’était tenu que
par sa nuque. Son décolleté se finissait au nombril en quatre bou-
tons de dorure nacrée. Toutes les lignes convergeaient vers son
centre. Pas de collier, ni de boucle. Du vermillon sur ses lèvres.
Le couple alla à pied sur Broadway. Ils voulaient marcher. L’éclai-
rage public pouvait se mettre au repos. La lune poursuivait Marge.
Les mâchoires masculines se désarticulaient. Les molaires fémi-
nines grinçaient à s’effriter. Toute personne ayant assisté à cette
scène s’en souviendrait sur son lit de mort. Cary ne cachait pas
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sarcophage. La lumière tamisée lui donnait l’impression d’être
dehors. De sa baignoire, elle sentait le calme infini de la nuit et
l’effervescence excitante de la 59e rue. Sans que ça ne la fasse
sursauter, deux mains larges et rugueuses lui englobèrent les
seins. Elle avait senti la présence de Cary. Marge savait toujours
quand il était à moins de 200 mètres. Elle devenait plus liquide
que la pluie. Les caresses de son amoureux la rendaient flaque. Il
fallait qu’elle prenne garde à ne pas se faire aspirer par le « trop
plein ». Il retira son costume et s’encastra en face d’elle malgré
la taille olympique du bassin. Il firent l’amour sans se soucier de
l’heure passante.
Elle aimait voir son magna se manier avec soin. Quand il se ra-
sait, ses gestes étaient plus précis qu’un sculpteur italien. Marge
lui demanda de ne pas se parfumer. « On ne met pas de ketchup
sur un grand grand plat étoilé » lui glissa-t-elle au creux de
l’oreille. Cary ne comprenait pas forcément toutes les subtilités
de la langue française, mais avec son aimante, les mots deve-
naient accessoires. Il était prêt, elle était nue. « On va être en re-
tard ma chérie, ne compte pas sur moi pour faire retarder le début
de la pièce ». Il en avait le pouvoir.
Sept secondes plus tard Marge éclaboussa toute la presqu’île
d’une foudre inconnue. Une Madone sans religion. De la dou-
ceur dans un écrin. Une beauté incommensurable. Sa Dress Gold
Lamé c’était Hiroshima. Une déflagration totale sans chance de
survivant. L’arme de destruction massive. Il aurait fallu un permis
de chasse pour porter une telle robe. Le fourreau n’était tenu que
par sa nuque. Son décolleté se finissait au nombril en quatre bou-
tons de dorure nacrée. Toutes les lignes convergeaient vers son
centre. Pas de collier, ni de boucle. Du vermillon sur ses lèvres.
Le couple alla à pied sur Broadway. Ils voulaient marcher. L’éclai-
rage public pouvait se mettre au repos. La lune poursuivait Marge.
Les mâchoires masculines se désarticulaient. Les molaires fémi-
nines grinçaient à s’effriter. Toute personne ayant assisté à cette
scène s’en souviendrait sur son lit de mort. Cary ne cachait pas
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