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fierté. Lui qui avait tant l’habitude d’être le centre d’attention,
avec Marge à son bras, il n’était qu’un valet et adorait cela.
La comédie musicale terminée, leur chauffeur les attendait on ne
peut plus près de la porte de sortie. Sur la banquette arrière elle
posa sa tête sur cette épaule perpendiculaire et se dit avec le sou-
rire qu’elle pouvait mourir.
Ils se couchèrent vers minuit, firent de nouveau l’amour et Cary
ne se réveilla jamais.

Émelyne & Tibo

Cela faisait 48 heures qu’Émelyne n’avait pas partagé son petit
déj’ avec ses followers. Plus rien ne tournait rond dans sa tête.
Pas envie de faire une grimace en buvant son mojito. Zéro mo-
tivation pour focusser le dernier gloss Séphora. No inspiration
pour poster son ultime tatouage « pattes de chaton ». Émelyne
était encore plus vide que d’habitude. Elle pleurait. Elle ne fai-
sait que pleurer. Elle se revoyait accroupie dans les toilettes du
manoir, vérifiant continuellement si le verrou était bien fermé.
Les yeux noyés, fixés sur la clanche de porte. L’influenceuse
aux 2,1K d’abonnés se sentait terriblement seule. Personne ne
prenait de ses nouvelles. Pas un SMS, pas un coup de fil. Sa
maman lui avait dit qu’elle l’avait échappé belle, puis avait
raccroché prématurément car le jeu de Nagui allait démarrer.
Même son Tibo, habituellement si tactile, était distant depuis
cette terrible soirée.
Après l’attentat, ils étaient rentrés tous les deux. Le couple
avait laissé son identité et son témoignage à la police arrivée
trop tard. Puis aucun mot dans la voiture. Émelyne tremblait
de tout son corps. Tibo s’était fermé. Sombre. Éteint. Il n’avait
pas protégé son amoureuse.
Aujourd’hui, la vérité, c’est qu’elle avait peur et que lui était
en colère. Sous sa couette, où un cœur rouge brodé tirait de
plus en plus vers le rosé, Émelyne se bouchait les oreilles et
essayait de réfléchir. « Ici, je ne crains rien, ce n’est pas après

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