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viens-toi des Choses de la vie
Arrivé au chantier, il retrouve sa femme, Catherine (Lea Massari33),
dont il vit séparé. Celle-ci incarne la maturité, la retenue, la complicité
silencieuse dans le travail, lorsqu’il a une discussion animée avec le
promoteur immobilier. Il fallait, comme le souligne Claude Sautet,
que le personnage de Catherine justifie l’hésitation de Pierre entre
elle et Hélène34. Catherine lui parle de la maison qu’ils ont à l’île de
Ré et lui apprend que les ouvriers ont cassé la petite table ovale dans
la chambre de leur fils. Pierre en est affecté. Elle lui demande s’il a
annoncé à son fils qu’il « partai[t] » pour la Tunisie. Pierre se dérobe :
« Tu ne lui as pas parlé ? » Relevons, là encore, l’ambiguïté du verbe
« partir » : fuir (ses responsabilités en l’occurrence) ou mourir. Et
derechef, nous voyons au ralenti la séquence de l’accident où Pierre
est dans sa voiture. Puis nous le voyons circuler dans Paris toujours
au volant de son Alfa. Le script note à ce sujet : « Ces plans de l’au-
tomobile dans Paris seront naturellement ad libitum d’une scène à
l’autre. Il ne s’agit pas de faire un sort à la voiture de l’accident, mais
33. « J’avais toujours rêvé de tourner avec elle, confie Claude Sautet […]. Dans
son pays, elle était alors une laissée-pour-compte et elle était très heureuse
de faire le film. » (Ibid., p. 90.) Bien que Lea Massari parle français, Claude
Sautet a choisi de faire doubler la voix de l’actrice italienne, qui garde sa propre
voix (avec un léger accent italien) dans ses autres films français (comme dans
Le Souffle au cœur de Louis Malle ou La Femme en bleu de Michel Deville).
« Le français prononcé avec l’accent italien devient dur », précise Claude Sautet
(N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 98). C’est pour la même raison
qu’il avait fait doubler la voix de Sandra Milo dans Classe tous risques, comme
il le confie à Michel Boujut : « […] il fallait la doubler, à cause de l’accent »
(Michel Boujut, op. cit., p. 66).
34. « Elle justifiait l’hésitation de Piccoli entre elle et Romy. » (Michel Boujut,
op. cit., p. 90.)
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Arrivé au chantier, il retrouve sa femme, Catherine (Lea Massari33),
dont il vit séparé. Celle-ci incarne la maturité, la retenue, la complicité
silencieuse dans le travail, lorsqu’il a une discussion animée avec le
promoteur immobilier. Il fallait, comme le souligne Claude Sautet,
que le personnage de Catherine justifie l’hésitation de Pierre entre
elle et Hélène34. Catherine lui parle de la maison qu’ils ont à l’île de
Ré et lui apprend que les ouvriers ont cassé la petite table ovale dans
la chambre de leur fils. Pierre en est affecté. Elle lui demande s’il a
annoncé à son fils qu’il « partai[t] » pour la Tunisie. Pierre se dérobe :
« Tu ne lui as pas parlé ? » Relevons, là encore, l’ambiguïté du verbe
« partir » : fuir (ses responsabilités en l’occurrence) ou mourir. Et
derechef, nous voyons au ralenti la séquence de l’accident où Pierre
est dans sa voiture. Puis nous le voyons circuler dans Paris toujours
au volant de son Alfa. Le script note à ce sujet : « Ces plans de l’au-
tomobile dans Paris seront naturellement ad libitum d’une scène à
l’autre. Il ne s’agit pas de faire un sort à la voiture de l’accident, mais
33. « J’avais toujours rêvé de tourner avec elle, confie Claude Sautet […]. Dans
son pays, elle était alors une laissée-pour-compte et elle était très heureuse
de faire le film. » (Ibid., p. 90.) Bien que Lea Massari parle français, Claude
Sautet a choisi de faire doubler la voix de l’actrice italienne, qui garde sa propre
voix (avec un léger accent italien) dans ses autres films français (comme dans
Le Souffle au cœur de Louis Malle ou La Femme en bleu de Michel Deville).
« Le français prononcé avec l’accent italien devient dur », précise Claude Sautet
(N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 98). C’est pour la même raison
qu’il avait fait doubler la voix de Sandra Milo dans Classe tous risques, comme
il le confie à Michel Boujut : « […] il fallait la doubler, à cause de l’accent »
(Michel Boujut, op. cit., p. 66).
34. « Elle justifiait l’hésitation de Piccoli entre elle et Romy. » (Michel Boujut,
op. cit., p. 90.)
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