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viens-toi des Choses de la vie

ces riens font « signe » et résonnent comme autant de mauvais
présages, telle la remarque de cet auto-stoppeur (Dominique
Zardi) pris par Pierre peu avant l’accident : « Il suffit d’un cail-
lou… n’est-ce pas ? »

François arrive ; Hélène lui laisse sa place. Il déclare : « Trente-
neuf ans ! Inséparables ! Et tu me quittes pour une femme […].
Viens boire […]. Tu connais le Pacherenc ? […] Tu bois le mois
d’avril. Milani en a reçu un tonneau. C’est un vin rare, un peu
enfantin, qui ne voyage que rarement. » C’est alors que nous
voyons de nouveau au ralenti Pierre dans l’Alfa en train de faire
des tonneaux, « chamboulé parmi mottes de terre et cigarettes
dans son habitacle sans pesanteur41 ». Ici, Claude Sautet a uti-
lisé « une moitié de voiture, cerclée comme une barrique42 ». La
caméra, qui se trouvait en face et sur des rails de travelling, filmait
l’acteur en gros plan. L’assistant réalisateur, Jean-Claude Sussfeld,
précise que les cigarettes que l’on voit voltiger au ralenti dans
l’habitacle étaient retenues par d’imperceptibles fils de Nylon43.

Le soir, ils vont dîner chez les parents d’Hélène. Il y a là une
ellipse. Cette scène, qui se voulait trop explicative, s’est finalement
révélée inutile, précise Claude Sautet :

 41.  Gilles Jacob, op. cit., p. 14.
 42.  « Pour les gros plans sur lui pendant le double tonneau, il n’y avait qu’une
moitié de voiture, cerclée comme une barrique pour dévaler la pente. » (Michel
Boujut, op. cit., p. 94.)
 43.  Voir Symphonie métallique  : Claude Sautet au croisement des Choses de la
vie, documentaire (de 48 minutes) présenté par StudioCanal et réalisé en 2008
par Pierre-Henri Gibert, avec Geneviève Cortier, Jean-Loup Dabadie, Claude
Mathieu, Philippe Sarde, Jean-Claude Sussfeld, Jacqueline Thiédot.Ce docu-
mentaire revient en profondeur sur la genèse et le tournage du film.

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