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montrer Pierre habitant cette voiture au dernier jour de sa vie35. »
Il rencontre son fils, Bertrand, âgé d’une vingtaine d’années,
créateur de gadgets électroniques. Ce personnage, interprété par
Gérard Lartigau, est inspiré de Roland Moreno (futur inventeur
de la carte à puce). En effet, les phrases par lesquelles Bertrand ex-
plique à son père pourquoi il a inventé un « oiseau électronique »
sont la retranscription, mot pour mot, de la réponse de Roland
Moreno à Gérard Sire dans l’émission télévisée Forum jeunesse
en juin 196836. Au terme de cette tirade insolite de « l’oiseau »,
dans le style de la Nouvelle Vague (on pense précisément aux
Choses de Georges Perec37), Bertrand insiste pour que son père
35. L’Avant-Scène Cinéma, op. cit., p. 20, note no 17.
36. Voir Roland Moreno, Victoire du bordel ambiant, Paris, L’Archipel, 2011,
p. 148. Voir aussi sur YouTube la vidéo Roland Moreno, Matapof AVANT la carte
à puce.
37. On peut relever certaines similitudes entre Les Choses de la vie de Claude
Sautet et Les Choses de Georges Perec, roman paru cinq ans plus tôt : l’attache-
ment des personnages non seulement aux choses de la vie, mais aussi aux choses
tout court, aux objets. Outre les multiples gadgets électroniques inventés par
Bertrand, mentionnons la petite table ovale cassée dont Pierre s’attriste tant,
la petite commode Renaissance que se disputent Pierre et Hélène lors d’une
vente aux enchères à La Rochelle, le volet à réparer dans la maison de l’île de
Ré, l’appartement haussmannien de Catherine, l’appartement parisien d’Hélène
également cossu (censé être situé 6, rue de l’Université, dans le 7e – adresse que
nous pouvons lire sur l’enveloppe au bureau de poste –, mais l’immeuble moderne
que nous voyons au début du film, avec un zoom sur le balcon du sixième étage et
une fenêtre aux stores baissés, est en réalité situé 56, rue de Boulainvilliers, dans
le 16e ; c’est dans ce même immeuble que René Goscinny a vécu de 1967 jusqu’à
sa mort en 1977), le voilier de Pierre, l’Alfa Romeo accidentée et le costume
abîmé dont Pierre se désole, les chemises Arnys achetées par Hélène pour Pierre
(14, rue de Sèvres), leur désir de partir vivre en Tunisie, comme Jérôme et Sylvie
dans Les Choses de Perec. Les personnages des Choses de la vie « incarnent ce qui
participe de l’aspiration générale de la société pompidolienne, le bien-être maté-
riel supposé apporter la liberté et le bonheur ». (Michel Boujut, op. cit., p. 92-93.)
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Il rencontre son fils, Bertrand, âgé d’une vingtaine d’années,
créateur de gadgets électroniques. Ce personnage, interprété par
Gérard Lartigau, est inspiré de Roland Moreno (futur inventeur
de la carte à puce). En effet, les phrases par lesquelles Bertrand ex-
plique à son père pourquoi il a inventé un « oiseau électronique »
sont la retranscription, mot pour mot, de la réponse de Roland
Moreno à Gérard Sire dans l’émission télévisée Forum jeunesse
en juin 196836. Au terme de cette tirade insolite de « l’oiseau »,
dans le style de la Nouvelle Vague (on pense précisément aux
Choses de Georges Perec37), Bertrand insiste pour que son père
35. L’Avant-Scène Cinéma, op. cit., p. 20, note no 17.
36. Voir Roland Moreno, Victoire du bordel ambiant, Paris, L’Archipel, 2011,
p. 148. Voir aussi sur YouTube la vidéo Roland Moreno, Matapof AVANT la carte
à puce.
37. On peut relever certaines similitudes entre Les Choses de la vie de Claude
Sautet et Les Choses de Georges Perec, roman paru cinq ans plus tôt : l’attache-
ment des personnages non seulement aux choses de la vie, mais aussi aux choses
tout court, aux objets. Outre les multiples gadgets électroniques inventés par
Bertrand, mentionnons la petite table ovale cassée dont Pierre s’attriste tant,
la petite commode Renaissance que se disputent Pierre et Hélène lors d’une
vente aux enchères à La Rochelle, le volet à réparer dans la maison de l’île de
Ré, l’appartement haussmannien de Catherine, l’appartement parisien d’Hélène
également cossu (censé être situé 6, rue de l’Université, dans le 7e – adresse que
nous pouvons lire sur l’enveloppe au bureau de poste –, mais l’immeuble moderne
que nous voyons au début du film, avec un zoom sur le balcon du sixième étage et
une fenêtre aux stores baissés, est en réalité situé 56, rue de Boulainvilliers, dans
le 16e ; c’est dans ce même immeuble que René Goscinny a vécu de 1967 jusqu’à
sa mort en 1977), le voilier de Pierre, l’Alfa Romeo accidentée et le costume
abîmé dont Pierre se désole, les chemises Arnys achetées par Hélène pour Pierre
(14, rue de Sèvres), leur désir de partir vivre en Tunisie, comme Jérôme et Sylvie
dans Les Choses de Perec. Les personnages des Choses de la vie « incarnent ce qui
participe de l’aspiration générale de la société pompidolienne, le bien-être maté-
riel supposé apporter la liberté et le bonheur ». (Michel Boujut, op. cit., p. 92-93.)
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