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tant des lunettes noires… Hélène poursuit : « Nous n’avons
pas d’histoire. Pour toi, c’est comme les gens qui n’ont pas d’en-
fants, c’est un échec. » Ils se quittent au bord de la rupture. Il se
met à pleuvoir, comme souvent dans les films de Sautet : « La
pluie – précise-t-il – peut prendre des significations diverses,
mais elle a toujours le même intérêt en tant que procédé, celui de
raccourcir une sensation dans le temps. C’est une précipitation
qui précipite le récit45 » et ici le destin. Pierre part pour Rennes.
Pendant le voyage, les essuie-glaces battent le tempo et, tels des
essuie-larmes de circonstance, se font métronome d’une vie qui
passe décidément trop vite : Pierre revoit des images de son passé
avec Catherine. Avec virtuosité, Claude Sautet et Jean Boffety,
le chef opérateur, utilisent la surexposition comme raccord entre
la séquence où Pierre conduit de nuit, les phares dans les yeux,
et celle, surexposée et « enjolivée » dans sa mémoire, où il se
souvient qu’il est à la barre de son voilier avec sa femme et son
fils. Puis il revoit sa rencontre avec Hélène dans une salle des
ventes à La Rochelle, lors d’une vente aux enchères. La petite
commode Renaissance achetée par Pierre n’est ici qu’un pré-
texte pour rencontrer Hélène qui attire son attention bien plus
que la commode. Et s’il enchérit, lorsque l’enchère est du côté
d’Hélène, c’est bien pour attirer son regard. Aussitôt, Hélène se
retourne et c’est le coup de foudre, qui retentit comme un coup
de marteau : « Adjugé ! » Pendant ce temps, il y a un zoom fulgu-
rant sur les yeux bleu-vert irisé d’Hélène/Romy, dont l’éclatante
beauté est saisissante jusque dans l’offrande d’un des regards les
45. N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 98.
pas d’histoire. Pour toi, c’est comme les gens qui n’ont pas d’en-
fants, c’est un échec. » Ils se quittent au bord de la rupture. Il se
met à pleuvoir, comme souvent dans les films de Sautet : « La
pluie – précise-t-il – peut prendre des significations diverses,
mais elle a toujours le même intérêt en tant que procédé, celui de
raccourcir une sensation dans le temps. C’est une précipitation
qui précipite le récit45 » et ici le destin. Pierre part pour Rennes.
Pendant le voyage, les essuie-glaces battent le tempo et, tels des
essuie-larmes de circonstance, se font métronome d’une vie qui
passe décidément trop vite : Pierre revoit des images de son passé
avec Catherine. Avec virtuosité, Claude Sautet et Jean Boffety,
le chef opérateur, utilisent la surexposition comme raccord entre
la séquence où Pierre conduit de nuit, les phares dans les yeux,
et celle, surexposée et « enjolivée » dans sa mémoire, où il se
souvient qu’il est à la barre de son voilier avec sa femme et son
fils. Puis il revoit sa rencontre avec Hélène dans une salle des
ventes à La Rochelle, lors d’une vente aux enchères. La petite
commode Renaissance achetée par Pierre n’est ici qu’un pré-
texte pour rencontrer Hélène qui attire son attention bien plus
que la commode. Et s’il enchérit, lorsque l’enchère est du côté
d’Hélène, c’est bien pour attirer son regard. Aussitôt, Hélène se
retourne et c’est le coup de foudre, qui retentit comme un coup
de marteau : « Adjugé ! » Pendant ce temps, il y a un zoom fulgu-
rant sur les yeux bleu-vert irisé d’Hélène/Romy, dont l’éclatante
beauté est saisissante jusque dans l’offrande d’un des regards les
45. N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 98.