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viens-toi des Choses de la vie
plus radieux vus au cinéma. Lorsque Pierre retrouve Catherine
et Bertrand au vieux port, il est tout guilleret et heureux de leur
annoncer qu’il vient de trouver une petite commode « rigolote »
et « très jolie ». La manière enjouée dont Pierre parle de cette
commode, en la personnifiant quelque peu, laisse entendre que
c’est d’Hélène qu’il parle inconsciemment, et ce par un processus
(très bien décrypté par Jacques Lacan) de condensation et de
déplacement comme métonymie. Cette ambiguïté sémantique
est ici le signifiant d’une ambiguïté psychologique : Pierre aime
déjà Catherine et Hélène sans vouloir renoncer ni à l’une ni à
l’autre. D’ailleurs, sitôt après avoir rencontré Hélène, il dit à
Catherine qu’il l’aime et la trouve désirable dans son haut de
maillot de bain : « Tu es comme j’aime. Viens ! » Pierre ne se
rend pas compte que cette rencontre qu’il vient de faire avec
Hélène pourrait un jour mettre en péril sa vie de couple avec
Catherine, d’où sa légèreté à cet instant, puisqu’il se situe dans
une réalité antérieure en contraste avec la réalité présente où il
est maintenant déchiré entre ces deux femmes. Pour clore cette
séquence de souvenirs et revenir à Pierre préoccupé, au volant
de sa voiture, ébloui par les phares dans la nuit, Sautet utilise le
même procédé de surexposition dans le sens inverse.
Fatigué, Pierre s’arrête et passe la nuit dans sa voiture. Le
matin, il écrit à Hélène une lettre de rupture à la terrasse d’un
café46 ; mais au bureau de poste, au lieu de poster la lettre, après
un temps d’hésitation, il laisse un message téléphonique à Hélène,
46. Cette scène a été tournée devant la terrasse de l’ancien café Chez Bruneau
au Tord-Boyaux, situé 85, Grande Rue à Neauphle-le-Château dans les Yve-
lines.
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plus radieux vus au cinéma. Lorsque Pierre retrouve Catherine
et Bertrand au vieux port, il est tout guilleret et heureux de leur
annoncer qu’il vient de trouver une petite commode « rigolote »
et « très jolie ». La manière enjouée dont Pierre parle de cette
commode, en la personnifiant quelque peu, laisse entendre que
c’est d’Hélène qu’il parle inconsciemment, et ce par un processus
(très bien décrypté par Jacques Lacan) de condensation et de
déplacement comme métonymie. Cette ambiguïté sémantique
est ici le signifiant d’une ambiguïté psychologique : Pierre aime
déjà Catherine et Hélène sans vouloir renoncer ni à l’une ni à
l’autre. D’ailleurs, sitôt après avoir rencontré Hélène, il dit à
Catherine qu’il l’aime et la trouve désirable dans son haut de
maillot de bain : « Tu es comme j’aime. Viens ! » Pierre ne se
rend pas compte que cette rencontre qu’il vient de faire avec
Hélène pourrait un jour mettre en péril sa vie de couple avec
Catherine, d’où sa légèreté à cet instant, puisqu’il se situe dans
une réalité antérieure en contraste avec la réalité présente où il
est maintenant déchiré entre ces deux femmes. Pour clore cette
séquence de souvenirs et revenir à Pierre préoccupé, au volant
de sa voiture, ébloui par les phares dans la nuit, Sautet utilise le
même procédé de surexposition dans le sens inverse.
Fatigué, Pierre s’arrête et passe la nuit dans sa voiture. Le
matin, il écrit à Hélène une lettre de rupture à la terrasse d’un
café46 ; mais au bureau de poste, au lieu de poster la lettre, après
un temps d’hésitation, il laisse un message téléphonique à Hélène,
46. Cette scène a été tournée devant la terrasse de l’ancien café Chez Bruneau
au Tord-Boyaux, situé 85, Grande Rue à Neauphle-le-Château dans les Yve-
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