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En effet après celle-ci, le réalisateur évoque à nouveau la persécution des
juifs via les personnages d’André Ziman et Elise Renoir (qui se sont mariés et ont
eu une fille Salomé.) C'est pourquoi le plan séquence suivant met en présence Elise
Ziman qui doit renoncer à son travail de danseuse, car son patron refuse de garder
une danseuse juive. La scène est filmée en plan rapproché. Celle-ci explique qu'elle
est catholique. Son patron lui rétorque qu’elle s’est convertie au judaïsme par
amour pour son mari. « Vous avez raison je suis donc doublement juive et fière
de l'être »proclame t-elle .Lorsque celle-ci découvre sa remplaçante, elle n'a pour
d'autres choix que de se retirer. Alors que nous voyons cette séquence, nous
entendons en son hors champ radio Paris qui relate la question du génocide juif.

La caméra se déplace alors dans un appartement (parisien et spacieux)
pour se focaliser sur le personnage d'André Ziman faisant la dictée à sa fille. Élise
Ziman intervient. Le problème de la délation est perçue dans la discussion qui suit :
« mais pourquoi on vous déteste à ce point là, vous les juifs (…) » Elise est
révoltée de la situation. Dans cette séquence, la création de la Fête des Mères
crée par le maréchal Pétain est également soulignée. Salomé donne ainsi un
cadeau à sa mère. La caméra filme ainsi les trois personnages de manière
rapprochée pour montrer l'intimité qu’unit les personnages. Toutefois, par peur d’être
dénoncés Les Ziman décideront de prendre la fuite en Normandie. C'est pourquoi,
dès les plans suivants le film relatera l’exode des Ziman avec l'aide d'Henri Fortin.
Dans un premier temps, les Ziman se rendront dans leur maison de vacances, puis
décideront de se rendre dans le Jura à l’aide d’un passeur (qui se révélera être
faux) avant que leur destin ne soient bouleversée.

Il convient de noter que c'est pendant leur escapade vers la Normandie et
le Jura que la mise en abyme avec les Misérables sera importante. En effet, Henri
Fortin étant analphabète : il demandera aux Ziman de leur lire le roman de Victor
Hugo. Le film jonglera alors entre le film via l'époque du XXe siècle, et la
représentation imagée de l'oeuvre du romancier. Le parallèle avec Victor Hugo
permet à Claude Lelouch d’expliquer que l'Homme reste le même quel que soit
l’époque.

Ce parallèle rejoint également la pensée du philosophe suédois souvent
exploitée dans ce film (et aussi dans Les Uns et les autres) lorsqu'il exprime qu « il
n'y a que deux ou trois histoires dans la vie des êtres humains, et elles se répètent
aussi cruellement comme si elles n’étaient jamais arrivées ».

Claude LELOUCH : une vision intimiste de L’Histoire 39
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