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pitre 2. Une mise en scène subjective de l’Histoire
à travers le regard d’un cinéaste.

Comme nous venons de le voir, la représentation de L’Histoire fait appel à
la mémoire et au souvenir collectif. Nous préciserons ici que, celle-ci provient
avant tout du regard subjectif d'un cinéaste. Il convient donc de définir ce qu’est
le « style Lelouch ». Si nous avons vu dans la première partie, quelques
séquences où l'Histoire est restituée ; nous étudierons maintenant de plus près les
spécificités de cette mise en scène. Ainsi nous détaillerons les caractéristiques
purement filmique : cadrage, lien de la musique et l’image, mouvements de
caméra, montage…etc. Nous percevrons aussi l'aspect humain qui se dégage des
trois films, via la direction d'acteur et le soin accordé aux personnages ; tout en
montrant comment la réalité et la fiction se confondent. Nous prendrons également
en compte les aspects autobiographiques des oeuvres.

Commençons tout d'abord par le premier film les Uns et les autres. Si le
réalisateur s'attache à retranscrire des faits historiques réels, la vision de l'Histoire
demeure plausible tout en restant subjective. Cependant pour comprendre cette
perception des faits historiques, il faut d’abord revenir sur l’utilisation de la musique
qui joue un rôle fondamental dans ce film. En effet si l’on s’interroge sur le rapport
musique-image, on perçoit vite le regard de Lelouch sur l’Histoire. Ainsi en
observant attentivement les premiers et derniers plans du film, nous remarquons
que l'emploi musical du Boléro de Ravel n'est pas anodin : ces deux séquences
prouvent que le réalisateur a une vision essentiellement cyclique des évènements
ayant trait à la réalité historique. Celle-ci se précise dans la séquence finale lorsque
les destins se rejoignent dans le but commun du gala humanitaire.

De plus la musique et l'image elle-même, s’appuient sur cette idée de
cycle et de destinée. La composition musicale du Boléro (retravaillé pour les
besoins de la séquence par Michel Legrand) fonctionne sur un tempo récurrent : la
tonalité et le thème de la musique sont toujours les mêmes ; bien qu’au fur et à
mesure ce tempo monte et s’amplifie. C'est pareil pour le montage des plans du
film, via la construction en flash-back et sa thématique de destins qui se recoupent
et s’unissent : la vie des personnages est alors régit par cette logique cyclique.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 46
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