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Nicolas quitta le bloc en sachant qu’il avait choisi la
meilleure option. Il n’était pas à cent pour cent de ses capacités
et en continuant ainsi, il aurait pris des risques. Sa patiente
n’avait pas à subir sa défaillance. Principe de précaution lui avait
dit un jour son patron du CHU :

« Si vous ne le sentez pas, ne le faites pas ! »

Il se rhabilla dans les vestiaires et sortit directement de la

clinique sans repasser par son cabinet. Les clés de sa voiture
tintaient dans la poche droite de son pantalon. Son téléphone
était coincé dans l’autre.

En sortant à l’air libre, il respira abondamment comme une
personne qu’on aurait privée d’oxygène pendant longtemps.

Assis au volant de son Q7, il envoya un sms à sa fille avant
d’allumer le moteur. Puis il sortit du parking de la clinique pour
s’introduire dans les embouteillages parisiens.

Mon dieu, que cette vie urbaine ne lui plaisait pas ! Lui avait-

elle seulement plu une fois ? Non, jamais. Bon an mal an, il avait
accepté la capitale comme lieu d’installation parce que sa
carrière s’y était envolée. Il y avait professé dans des conditions
idéales et accessoirement enrichi son porte-monnaie. Mais en
contrepartie, il lui avait fallu accepter une vie de stress à l’image
de la circulation qui surchargeait en ce moment même les artères
de Paris.

Était-ce la chose qu’il voulait ?
Était-ce l’avenir dont le jeune Giordano de Carigoules rêvait
lorsqu’il était petit en observant son père ?
Non. Certainement pas.
Il était devenu un grand chirurgien mais au dépend de bien
d’autres choses qu’il avait dû mettre de côté. Comme sa vie
privée par exemple. À cause d’un rythme de travail effréné, il
avait négligé sa femme Nathalie ainsi que sa fille Clémence.
Certes, les deux n’avaient jamais manqué de rien mais
aujourd’hui, c’était lui qui manquait d’elles. De leur présence à

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