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les Carla et Silvia étaient deux belles brunes plus jeunes que
Nicolas. L’une aux yeux noisettes, l’autre au regard noir.
À l’inverse de sa sœur, Giacomo avait choisi de franciser le
prénom de son fils en refusant l’orthographe italienne. Ainsi, il
avait mis un « s » à la fin de Nicolas pour qu’il ne souffre pas de
xénophobie comme lui l’avait subi durant son enfance. Les
sobriquets injurieux de type « rital » avaient longtemps empêché
Giacomo de s’enraciner en Provence. En le traitant de la sorte,
on lui rappelait qu’il n’était pas d’ici. Mais le comble, c’était
lorsqu’il allait chez son grand-père en Lombardie et qu’on lui
faisait comprendre qu’il n’était pas italien non plus. Giacomo
était une sorte d’apatride. Le pire avait été vécu par son père
Luigi surnommé « macaroni » toute sa vie. Depuis toujours, la
France avait des problèmes avec les migrants.
Nicolas avait été le premier des Giordano à ne pas trop
souffrir de ses racines transalpines. Certainement grâce au fait
d’être né sur le territoire français et d’avoir une parfaite maitrise
de la langue. À l’intérieur de la maison de Dieu, il chercha à faire
réapparaitre les visages de ceux qui avaient célébré sa première
communion avec lui. Certains lui revenaient facilement quand
d’autres avaient des difficultés à ressurgir du passé. Le seul dont
il se souvenait avec aisance était celui d’Alexandre dont une
bonne partie de la famille remplissait ce jour-là l’église. Et
question famille, que ce soit du côté de Bernard ou de Ginette,
les enfants se comptaient à la pelle. Une tripotée d’oncles et de
tantes était venue accompagnés de leurs conjoints respectifs et
de leurs enfants. Ainsi, au moins une quinzaine de cousins et
cousines entouraient Alex ce jour-là. Tous de solides gaillards.
Même les filles faisaient une tête de plus que Nicolas qui se
souvenait particulièrement d’Agnès dont les bras faisaient deux
fois la taille de ses cuisses. Elle était myope et portait des verres
épais ainsi qu’un appareil dentaire. « Mon dieu ce qu’elle était
laide ! » Elle l’avait collé amoureusement avant la messe jusqu’à
ce qu’Alexandre lui ordonne de le lâcher. Le lendemain, il
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Nicolas. L’une aux yeux noisettes, l’autre au regard noir.
À l’inverse de sa sœur, Giacomo avait choisi de franciser le
prénom de son fils en refusant l’orthographe italienne. Ainsi, il
avait mis un « s » à la fin de Nicolas pour qu’il ne souffre pas de
xénophobie comme lui l’avait subi durant son enfance. Les
sobriquets injurieux de type « rital » avaient longtemps empêché
Giacomo de s’enraciner en Provence. En le traitant de la sorte,
on lui rappelait qu’il n’était pas d’ici. Mais le comble, c’était
lorsqu’il allait chez son grand-père en Lombardie et qu’on lui
faisait comprendre qu’il n’était pas italien non plus. Giacomo
était une sorte d’apatride. Le pire avait été vécu par son père
Luigi surnommé « macaroni » toute sa vie. Depuis toujours, la
France avait des problèmes avec les migrants.
Nicolas avait été le premier des Giordano à ne pas trop
souffrir de ses racines transalpines. Certainement grâce au fait
d’être né sur le territoire français et d’avoir une parfaite maitrise
de la langue. À l’intérieur de la maison de Dieu, il chercha à faire
réapparaitre les visages de ceux qui avaient célébré sa première
communion avec lui. Certains lui revenaient facilement quand
d’autres avaient des difficultés à ressurgir du passé. Le seul dont
il se souvenait avec aisance était celui d’Alexandre dont une
bonne partie de la famille remplissait ce jour-là l’église. Et
question famille, que ce soit du côté de Bernard ou de Ginette,
les enfants se comptaient à la pelle. Une tripotée d’oncles et de
tantes était venue accompagnés de leurs conjoints respectifs et
de leurs enfants. Ainsi, au moins une quinzaine de cousins et
cousines entouraient Alex ce jour-là. Tous de solides gaillards.
Même les filles faisaient une tête de plus que Nicolas qui se
souvenait particulièrement d’Agnès dont les bras faisaient deux
fois la taille de ses cuisses. Elle était myope et portait des verres
épais ainsi qu’un appareil dentaire. « Mon dieu ce qu’elle était
laide ! » Elle l’avait collé amoureusement avant la messe jusqu’à
ce qu’Alexandre lui ordonne de le lâcher. Le lendemain, il
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