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Acte II

Relâchement nécessaire

Il avançait dans un siphon,
les sens à l’abandon,
aspiré par l’horizon.

Le brouillard s’était enfin levé, il distinguait plus loin que le
bout de son nez. Mais toujours aucune odeur, ni aucun bruit. Il
marchait droit devant lui.

La devanture d’un maréchal-ferrant lui apparut pendant
quelques secondes. Métier quasiment disparu aujourd’hui,
l’atelier ressemblait à celui du vieux Gaston qui s’occupait du
parage des chevaux dans son village lorsqu’il était gamin.
Qu’est-ce qu’il adorait le regarder travailler autour de sa forge
au charbon ? L’artisan utilisait des outils aux noms incongrus
comme le rogne-pied, le brochoir, le compas, le dégorgeoir ou
encore différents marteaux et pinces aux formes inconnues.
C’était un vrai spectacle que de voir travailler l’artiste.

Mais pas le temps de plonger davantage dans le passé car
l’atelier était déjà derrière lui. Il comprit qu’il était à Carigoules
en train d’arpenter ses ruelles. Ce qui expliquait sa sensation de
tourner en rond depuis un moment puisque le village avait une
forme de colimaçon. Il se dirigeait vers son cœur qui
correspondait à l’origine du hameau. Telle la coquille d’un
escargot, la place de l’église était le premier stade de

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