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Chapitre 7

Un peu de respect pour les morts.

Nicolas arpentait les ruelles de Carigoules à la
recherche de repères ou de signes concrets qui
auraient pu l’amarrer à son enfance. Le premier
point encourageant fut de trouver la boulangerie à la même
place. Le problème c’était que sa façade n’avait plus rien à voir
avec celle de ses souvenirs. Le magasin avait changé au moins
six fois de propriétaire depuis son départ. La vitrine était plus
large, l’organisation des comptoirs s’en trouvait modifiée.
Toutefois, une bonne odeur de pain s’en échappait toujours et lui
rappelait le commerce de monsieur et madame Blanchard, les
boulangers de son enfance.
Ces dix dernières années, Carigoules avait profité du
dynamisme d’un jeune maire qui avait fait entrer le vieux village
millénaire dans le vingt-et-unième siècle. Le bourg ressemblait
à une maison retapée de fond en combles, à qui on avait redonné
une nouvelle jeunesse. Il subsistait encore l’ossature avec ses
vieilles pierres et ses ruelles dessinées comme un squelette
fossilisé mais le macadam récent, les lampadaires épurés et les
volets peints de la même couleur sur chaque maison apportaient
un modernisme évident.
Ce n’était plus le lieu dans lequel il avait vécu mais il s’en
échappait d’agréables évanescences. Nicolas constata avec
effarement que son village avait rajeuni alors que lui n’avait fait

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