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lienne et de crécher dans un 40 mètres carrés en banlieue de
Rouen. Alors elle composait. C’était aussi ça son job de photo-
graphe/influenceuse. Émelyne n’était pas vraiment jolie, mais
elle arrivait à faire croire à tout le monde le contraire. Un chapeau
Zara pour cacher son front légèrement trop fuyant, une bouche un
peu surpulpée grâce à un gloss au collagène. Elle montrait beau-
coup son cul aussi, faut dire que lui était parfait. Et hop, sur la
pointe des pieds en s’orientant de 3 quarts et en levant légèrement
la cuisse comme un clébard, c’était 400 likes et 70 commentaires
- « comment t’es trop belle, meuf ! » - Elle aimait aussi fermer ses
yeux en mettant sa tronche face au soleil sans que personne ne se
demande comment il était possible de se photographier soi-même
ainsi. Ses copines étaient bonnes, ses potes étaient cool. Elle avait
un QI de pêche Melba, gagnait 800 euros net par mois sans ses
primes et commissions, vivait dans un bouiboui mal isolé, n’avait
personne à qui confier les maltraitances et la violence quotidienne
de son enfance mais était persuadée que la moitié du pays était à
ses talons. Émelyne était heureuse !
Béatrice & Tony
Elle aurait tant aimé avoir de l’ambition. C’est ce qu’elle admi-
rait le plus chez son homme, son envie de réussir, son besoin de
s’élever socialement, sa quête du toujours plus haut. Béatrice
n’était pas comme ça. Sous sa frange parfaitement structurée, elle
ajustait ses montures Paul&Joe un poil trop lourdes pour son pe-
tit nez. Quand elle relisait une impression papier de la maquette
du journal du Département, elle se devait d’être extrêmement
concentrée. Un jour, elle avait laissé passer une coquille d’or-
thographe et s’était faite dézinguer la tronche par le directeur de
cabinet du Conseil Général…
— C omment ça, Seine-Maritime Toursime, c’est quand même
pas compliqué d’écrire Tourisme putain !!! Vous me faites
chier espèce d’incapable, de quoi j’ai l’air, moi, mainte-
nant, auprès du président !!? 575 000 exemplaires d’un foutu
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Rouen. Alors elle composait. C’était aussi ça son job de photo-
graphe/influenceuse. Émelyne n’était pas vraiment jolie, mais
elle arrivait à faire croire à tout le monde le contraire. Un chapeau
Zara pour cacher son front légèrement trop fuyant, une bouche un
peu surpulpée grâce à un gloss au collagène. Elle montrait beau-
coup son cul aussi, faut dire que lui était parfait. Et hop, sur la
pointe des pieds en s’orientant de 3 quarts et en levant légèrement
la cuisse comme un clébard, c’était 400 likes et 70 commentaires
- « comment t’es trop belle, meuf ! » - Elle aimait aussi fermer ses
yeux en mettant sa tronche face au soleil sans que personne ne se
demande comment il était possible de se photographier soi-même
ainsi. Ses copines étaient bonnes, ses potes étaient cool. Elle avait
un QI de pêche Melba, gagnait 800 euros net par mois sans ses
primes et commissions, vivait dans un bouiboui mal isolé, n’avait
personne à qui confier les maltraitances et la violence quotidienne
de son enfance mais était persuadée que la moitié du pays était à
ses talons. Émelyne était heureuse !
Béatrice & Tony
Elle aurait tant aimé avoir de l’ambition. C’est ce qu’elle admi-
rait le plus chez son homme, son envie de réussir, son besoin de
s’élever socialement, sa quête du toujours plus haut. Béatrice
n’était pas comme ça. Sous sa frange parfaitement structurée, elle
ajustait ses montures Paul&Joe un poil trop lourdes pour son pe-
tit nez. Quand elle relisait une impression papier de la maquette
du journal du Département, elle se devait d’être extrêmement
concentrée. Un jour, elle avait laissé passer une coquille d’or-
thographe et s’était faite dézinguer la tronche par le directeur de
cabinet du Conseil Général…
— C omment ça, Seine-Maritime Toursime, c’est quand même
pas compliqué d’écrire Tourisme putain !!! Vous me faites
chier espèce d’incapable, de quoi j’ai l’air, moi, mainte-
nant, auprès du président !!? 575 000 exemplaires d’un foutu
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