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Quand elle buvait, ses nuits étaient toujours plus compliquées. Elle
se retournait, allait pisser, rêvait d’eau minérale, volait dans une
cathédrale. Rokia se réveillait sans être reposée. Généralement, le
lendemain, elle recommençait.
C’est toujours en prenant son café que la journaliste décidait par où
elle allait attaquer.
Les cinq doigts de la main. Tibo s’était replié pour l’éternité. Et les
4 autres, qu’est-ce qu’ils foutaient ? Eux aussi se faisaient discrets
sur les réseaux. Plus de selfies, de Golf GTI, de tatouages maoris.
Rien ne montrait qu’ils continuaient leur vie. Et si, et si…
Alors que sa tartine n’était pas encore finie de croquer, Rokia avait
fait le rapprochement avec les deux gars retrouvés à Étretat, le
sac, les gants et tout le barda. Décidément, les hommes qu’elle re-
cherchait avaient plutôt tendance à être froids. Fallait pas avoir la
finesse de Lupin pour mettre la main sur ces deux crétins. Quand à
Ludo et Mat, aucune piste, aucune trace. Deux mecs qui n’étaient
jamais sortis de Normandie, pouf-pouf, disparus sans un bruit.
La jeune femme n’avait pas encore approché Bertille mais trou-
vait son environnement de plus en plus pesant. Attentat, suicide,
accident, disparition. Beaucoup d’agitation pour une campagne
locale. Au milieu de tout ça, une famille qui dirigeait le plus gros
groupe agroalimentaire d’Europe, de la noblesse, des catho, un
peu de facho. Hé hé hé un cocktail que Rokia appréciait comme
du petit lait-vodka.
Dans sa tête les engrenages s’emboîtaient et commençaient à
tourner. Elle savait qu’il ne fallait pas encore approcher les De
La Berthelière. Continuer d’enquêter en périphérie, sereinement,
sans faire de vent. Dès qu’ils apprendront qu’une gratte-papier
s’intéresse à leurs actions, les difficultés s’enclencheraient. Donc
rester discrète, s’évaporer comme une cigarette.
Les flics, France 3 et la presse régionale savaient que Rokia ratis-
sait. Elle avait demandé des tuyaux, activé ses réseaux. Logique-
ment ce n’était que des gens fiables qui savaient que se taire était
vital pour avancer. Mais fallait pas traîner car par expérience,
Rokia connaissait aussi le pouvoir de l’argent. Elle ne doutait pas
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Quand elle buvait, ses nuits étaient toujours plus compliquées. Elle
se retournait, allait pisser, rêvait d’eau minérale, volait dans une
cathédrale. Rokia se réveillait sans être reposée. Généralement, le
lendemain, elle recommençait.
C’est toujours en prenant son café que la journaliste décidait par où
elle allait attaquer.
Les cinq doigts de la main. Tibo s’était replié pour l’éternité. Et les
4 autres, qu’est-ce qu’ils foutaient ? Eux aussi se faisaient discrets
sur les réseaux. Plus de selfies, de Golf GTI, de tatouages maoris.
Rien ne montrait qu’ils continuaient leur vie. Et si, et si…
Alors que sa tartine n’était pas encore finie de croquer, Rokia avait
fait le rapprochement avec les deux gars retrouvés à Étretat, le
sac, les gants et tout le barda. Décidément, les hommes qu’elle re-
cherchait avaient plutôt tendance à être froids. Fallait pas avoir la
finesse de Lupin pour mettre la main sur ces deux crétins. Quand à
Ludo et Mat, aucune piste, aucune trace. Deux mecs qui n’étaient
jamais sortis de Normandie, pouf-pouf, disparus sans un bruit.
La jeune femme n’avait pas encore approché Bertille mais trou-
vait son environnement de plus en plus pesant. Attentat, suicide,
accident, disparition. Beaucoup d’agitation pour une campagne
locale. Au milieu de tout ça, une famille qui dirigeait le plus gros
groupe agroalimentaire d’Europe, de la noblesse, des catho, un
peu de facho. Hé hé hé un cocktail que Rokia appréciait comme
du petit lait-vodka.
Dans sa tête les engrenages s’emboîtaient et commençaient à
tourner. Elle savait qu’il ne fallait pas encore approcher les De
La Berthelière. Continuer d’enquêter en périphérie, sereinement,
sans faire de vent. Dès qu’ils apprendront qu’une gratte-papier
s’intéresse à leurs actions, les difficultés s’enclencheraient. Donc
rester discrète, s’évaporer comme une cigarette.
Les flics, France 3 et la presse régionale savaient que Rokia ratis-
sait. Elle avait demandé des tuyaux, activé ses réseaux. Logique-
ment ce n’était que des gens fiables qui savaient que se taire était
vital pour avancer. Mais fallait pas traîner car par expérience,
Rokia connaissait aussi le pouvoir de l’argent. Elle ne doutait pas
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