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ologué mais elle savait le faire, donc elle le faisait. Au vu de
ses échanges professionnels Rokia découvrit rapidement que le
licenciement de Tony était dû à la perte du budget Grouchon au
sein de son portefeuille client. Tout ça était en rapport, forcément.
Et puis maintenant il va à la mosquée. Sa femme qui devient di-
rectrice de campagne de Bertille De La Berthelière. Ça faisait un
paquet de nœuds marins à se cogner. Bien mouillés, bien salés,
bien serrés. Mais Rokia sentait qu’elle s’approchait.
Alex
Humilié, il s’était senti humilié. Arriver avec autant d’envies.
Repartir en catimini. Le romantisme de son histoire fut ruiné.
Bertille allongée, comme dans les mauvais contes de fées, un prince,
un baiser. Alex n’avait rien d’un chevalier. Plus qu’un meuble, un
décor, son rôle était celui de Simplet. Comme si les auteurs l’avaient
tué avant le générique. On ne l’y reprendrait pas. Fallait quitter la
production. Dégager son nom du casting. Cette histoire n’était pas
la sienne. Il était temps pour lui d’avoir sa propre série.
En partant du manoir, Alexandre Spinozi voulait en finir définiti-
vement avec ce qui l’avait rendu moisi. Au final, sa vie d’avant,
où tout se surfait en surface, était moins triste, moins mélanco-
lique. Plus dans le moment présent. Tomber raide dingue de Ber-
tille avait désaxé ses lignes droites en labyrinthe. Fait changer
ses eaux claires en absinthe. Muter ses certitudes en craintes. Il
s’était fait ronger par ce sentiment pourri. Fini, fini, fini. L’amour
ce n’était pas pour lui !
Une fois dans son appartement, il jeta tous les vêtements qu’il
portait. Comme pour tirer un trait. Fila sous une douche glacée.
Frotta, frotta, frotta. Fallait retirer cette crasse qui l’enveloppait.
Il grelotait, puis recommençait. Alexandre voulait changer de
peau, rebouter son cerveau, fumer et se déglinguer. La poésie
l’avait amoindri, comme les fleurs, la douceur et tous ces trucs en
« eur » qui t’émiettent le cœur. Terminer les tirades, les courriers
parfumés. Humilié, il s’était senti humilié.
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ses échanges professionnels Rokia découvrit rapidement que le
licenciement de Tony était dû à la perte du budget Grouchon au
sein de son portefeuille client. Tout ça était en rapport, forcément.
Et puis maintenant il va à la mosquée. Sa femme qui devient di-
rectrice de campagne de Bertille De La Berthelière. Ça faisait un
paquet de nœuds marins à se cogner. Bien mouillés, bien salés,
bien serrés. Mais Rokia sentait qu’elle s’approchait.
Alex
Humilié, il s’était senti humilié. Arriver avec autant d’envies.
Repartir en catimini. Le romantisme de son histoire fut ruiné.
Bertille allongée, comme dans les mauvais contes de fées, un prince,
un baiser. Alex n’avait rien d’un chevalier. Plus qu’un meuble, un
décor, son rôle était celui de Simplet. Comme si les auteurs l’avaient
tué avant le générique. On ne l’y reprendrait pas. Fallait quitter la
production. Dégager son nom du casting. Cette histoire n’était pas
la sienne. Il était temps pour lui d’avoir sa propre série.
En partant du manoir, Alexandre Spinozi voulait en finir définiti-
vement avec ce qui l’avait rendu moisi. Au final, sa vie d’avant,
où tout se surfait en surface, était moins triste, moins mélanco-
lique. Plus dans le moment présent. Tomber raide dingue de Ber-
tille avait désaxé ses lignes droites en labyrinthe. Fait changer
ses eaux claires en absinthe. Muter ses certitudes en craintes. Il
s’était fait ronger par ce sentiment pourri. Fini, fini, fini. L’amour
ce n’était pas pour lui !
Une fois dans son appartement, il jeta tous les vêtements qu’il
portait. Comme pour tirer un trait. Fila sous une douche glacée.
Frotta, frotta, frotta. Fallait retirer cette crasse qui l’enveloppait.
Il grelotait, puis recommençait. Alexandre voulait changer de
peau, rebouter son cerveau, fumer et se déglinguer. La poésie
l’avait amoindri, comme les fleurs, la douceur et tous ces trucs en
« eur » qui t’émiettent le cœur. Terminer les tirades, les courriers
parfumés. Humilié, il s’était senti humilié.
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