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rentraient, se servaient puis assassinaient. Rokia entend
encore leurs rires au milieu de la nuit.
Puis un matin, un jour, le temps n’avait plus de sens, les puis-
sants les firent changer de camp. Sûrement dû à la saleté et à
l’odeur du sang. Durant le périple, entre les deux lieux d’exter-
mination, une femme montra du doigt Rokia, Elijah et ses pa-
rents. Ils furent extraits de la foule et balancés dans un fourgon
bâché. De condamnés, ils étaient devenus des trophées. Plus une
once d’humanité depuis une éternité. Le massacre devait durer,
comme un plaisir à ne pas trop vite consommer. Un moment
chouette qu’il fallait prolonger. Tous agonisaient. Les vers se
régalaient. L’horreur à toutes les heures.
Tout défilait et sans comprendre, sans le savoir, sa famille fut
relâchée. Une fuite, un exode, des tentes de casques bleus, un
bateau, Marseille. Comme l’air y était vermeil.
Rokia avait de la colère dans les viscères. L’alcool l’aidait à ne
pas sombrer en un éclair.
Bertille & Marge
En arrivant dans la chambre de Bertille, Marge ne reconnut pas son
amie. Elle qui dégageait tant d’assurance habituellement était pros-
trée dans le fond de son lit. La duchesse, de son côté, en découvrant
qui elle avait appelée, ne s’attendait pas à une personne si âgée.
Prise de contact, nouvelle rencontre entre deux femmes opposées.
« A priori je suis tombée dans les escaliers. Je ne me souviens de
rien. La seule chose dont je suis certaine… C’est que j’ai 13 ans.
Mon corps n’est pas le mien, ce ventre, ces seins. Tout me fait
peur. J’ai vraiment très peur, très très peur madame. Marge, ai-
dez-moi s’il vous plait. S’il vous plaît ». Bertille s’effondra de
douleur.
La vieille dame glissa sa main contre sa main. Lui sourit sans
rien dire, sans panique. Sa présence était douce dans cet univers
chaotique.
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encore leurs rires au milieu de la nuit.
Puis un matin, un jour, le temps n’avait plus de sens, les puis-
sants les firent changer de camp. Sûrement dû à la saleté et à
l’odeur du sang. Durant le périple, entre les deux lieux d’exter-
mination, une femme montra du doigt Rokia, Elijah et ses pa-
rents. Ils furent extraits de la foule et balancés dans un fourgon
bâché. De condamnés, ils étaient devenus des trophées. Plus une
once d’humanité depuis une éternité. Le massacre devait durer,
comme un plaisir à ne pas trop vite consommer. Un moment
chouette qu’il fallait prolonger. Tous agonisaient. Les vers se
régalaient. L’horreur à toutes les heures.
Tout défilait et sans comprendre, sans le savoir, sa famille fut
relâchée. Une fuite, un exode, des tentes de casques bleus, un
bateau, Marseille. Comme l’air y était vermeil.
Rokia avait de la colère dans les viscères. L’alcool l’aidait à ne
pas sombrer en un éclair.
Bertille & Marge
En arrivant dans la chambre de Bertille, Marge ne reconnut pas son
amie. Elle qui dégageait tant d’assurance habituellement était pros-
trée dans le fond de son lit. La duchesse, de son côté, en découvrant
qui elle avait appelée, ne s’attendait pas à une personne si âgée.
Prise de contact, nouvelle rencontre entre deux femmes opposées.
« A priori je suis tombée dans les escaliers. Je ne me souviens de
rien. La seule chose dont je suis certaine… C’est que j’ai 13 ans.
Mon corps n’est pas le mien, ce ventre, ces seins. Tout me fait
peur. J’ai vraiment très peur, très très peur madame. Marge, ai-
dez-moi s’il vous plait. S’il vous plaît ». Bertille s’effondra de
douleur.
La vieille dame glissa sa main contre sa main. Lui sourit sans
rien dire, sans panique. Sa présence était douce dans cet univers
chaotique.
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