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grisaille qui aspire la couleur et switch ta vie en une mono-
tone monochromie. Béatrice était née en Normandie. Elle savait
que de septembre à mars, ça pouvait être comme ça. Elle le savait
pourtant. Des cures et des cures de vitamine D. Un parapluie dans
le coffre de chaque bagnole. Des bottes en caoutchouc dormant
dans un panier, prêtes à être dégainées. Un K-Way. Le comble,
un K-Way. Ce truc qui te collait une honte monumentale en CE2
et qui fait s’extasier aujourd’hui à base de « Wouaou mortel ce
petit kaki, j’l’ai pris en version longue ». Nan mais sans dec’, un
K-Way !
Béatrice avait donc ce coupe-vent nécessaire pour être intégrée
socialement dans son quartier, un peu comme ses Ugg, sa Fiat
500 et son Diesel troué. Elle se dirigeait vers la permanence de
campagne de Bertille. Maintenant BB avait du temps et voulait
s’investir totalement derrière cette femme dont elle ne cautionnait
pas toutes les idées, mais qui avait été par deux fois, un déclic
dans sa vie.
Avec du recul, cette terrible soirée de gala, une semaine aupara-
vant, lui avait fait un bien fou. Elle ne prenait quasi plus d’anxio-
lytiques, ne se levait plus la nuit pour valser avec la faucheuse, ne
pleurait plus sous la douche pour cacher sa détresse. Il faut dire
aussi qu’elle ne mettait plus du tout les pieds au boulot. Il avait
fallu cette atrocité criminelle pour que Béa décampe ses Repetto
de son service gluant du Conseil Général de Seine-Maritime. Elle
sentait qu’elle s’éloignait du mal.
En marchant sous cette bruine fourbe et fielleuse, Béatrice s’au-
to-persuadait. « Madame De La Berthelière pourrait faire preuve
d’ouverture quant à ses positions un peu réac », elle en était
convaincue. Sa confiance retrouvée lui faisait croire sans soupçon
qu’elle saurait aiguiller Bertille pour ne pas qu’elle glisse vers ces
excès trop faciles. Toutes deux étaient mamans, trentenaires, ac-
tives et pâtissières. Il y avait un coup à jouer. L’histoire nous avait
montré continuellement que la peur des autres et le protection-
nisme à outrance n’était pas une solution, alors pourquoi mettre
ces thèmes au cœur de sa campagne. Madame La Duchesse avait
tellement d’autres qualités à pousser sur le devant de la scène.
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tone monochromie. Béatrice était née en Normandie. Elle savait
que de septembre à mars, ça pouvait être comme ça. Elle le savait
pourtant. Des cures et des cures de vitamine D. Un parapluie dans
le coffre de chaque bagnole. Des bottes en caoutchouc dormant
dans un panier, prêtes à être dégainées. Un K-Way. Le comble,
un K-Way. Ce truc qui te collait une honte monumentale en CE2
et qui fait s’extasier aujourd’hui à base de « Wouaou mortel ce
petit kaki, j’l’ai pris en version longue ». Nan mais sans dec’, un
K-Way !
Béatrice avait donc ce coupe-vent nécessaire pour être intégrée
socialement dans son quartier, un peu comme ses Ugg, sa Fiat
500 et son Diesel troué. Elle se dirigeait vers la permanence de
campagne de Bertille. Maintenant BB avait du temps et voulait
s’investir totalement derrière cette femme dont elle ne cautionnait
pas toutes les idées, mais qui avait été par deux fois, un déclic
dans sa vie.
Avec du recul, cette terrible soirée de gala, une semaine aupara-
vant, lui avait fait un bien fou. Elle ne prenait quasi plus d’anxio-
lytiques, ne se levait plus la nuit pour valser avec la faucheuse, ne
pleurait plus sous la douche pour cacher sa détresse. Il faut dire
aussi qu’elle ne mettait plus du tout les pieds au boulot. Il avait
fallu cette atrocité criminelle pour que Béa décampe ses Repetto
de son service gluant du Conseil Général de Seine-Maritime. Elle
sentait qu’elle s’éloignait du mal.
En marchant sous cette bruine fourbe et fielleuse, Béatrice s’au-
to-persuadait. « Madame De La Berthelière pourrait faire preuve
d’ouverture quant à ses positions un peu réac », elle en était
convaincue. Sa confiance retrouvée lui faisait croire sans soupçon
qu’elle saurait aiguiller Bertille pour ne pas qu’elle glisse vers ces
excès trop faciles. Toutes deux étaient mamans, trentenaires, ac-
tives et pâtissières. Il y avait un coup à jouer. L’histoire nous avait
montré continuellement que la peur des autres et le protection-
nisme à outrance n’était pas une solution, alors pourquoi mettre
ces thèmes au cœur de sa campagne. Madame La Duchesse avait
tellement d’autres qualités à pousser sur le devant de la scène.
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