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surcroît au moment où Romy est avec sa mère et choisit deux
chemises d’été, avec ce côté jeune fille habillant son futur mari,
puisque lui, à ce moment-là, a déjà décidé de déchirer la lettre.
Et en même temps, on sait qu’elle est dans une réalité antérieure.
C’est donc une accentuation du tragique et du dérisoire64. »

À Paris, Hélène prend connaissance avec joie du message de
Pierre et emprunte une voiture pour le rejoindre à Rennes. Pen-
dant qu’il est conduit à l’hôpital en ambulance, Pierre ouvre len-
tement les yeux, regarde l’infirmier ( Jacques Richard) et essaie
en vain d’articuler un mot : il veut à tout prix déchirer la lettre…
L’infirmier ne comprend pas. Pierre referme les yeux et voit en
rêve son mariage avec Hélène, « semblable à ce mariage cham-
pêtre qu’il vient de croiser sur la route […] ; dans l’allégresse de
Vivaldi, tous les partenaires de sa vie sont attablés ; soudain le
panoramique se poursuit, le sourire se fige […] : les témoins de
l’accident y assistent […]. Puis la caméra cadre l’Alfa intacte,
étincelante. Alors, Pierre comprend que c’est grave, la boussole
intérieure s’affole65 ». Son visage se trouble dans une lumière
incertaine. L’image se brouille. Retour à la réalité. Pierre est sous
oxygène. Une fois arrivé aux urgences, il attend d’être emmené
au bloc opératoire, allongé sur son brancard, et continue de mo-
nologuer intérieurement : « Je dirai à Hélène qu’il ne faut pas
avoir peur des ambulances. On m’emmène, on me sauve la vie… »
Pendant ce temps, on distingue, sur les portes vitrées, le reflet du
visage d’un infirmier qui, sous ses lunettes noires, scrute Pierre :

 64.  N. T. Binh et Dominique Rabourdin, op. cit., p. 98.
 65.  Gilles Jacob, op. cit., p. 14.

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