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alenti, avec l’illusion et la subjectivité du personnage qui croit
qu’il va s’en sortir puisqu’il a évité le camion qui arrive en face
de lui. Deuxième temps : l’accident à vitesse normale pendant
quatre secondes, c’est-à-dire le point de vue objectif. Le tout
entrecoupé par la discussion du bétailleur et du camionneur qui
« ont vu » l’accident. Pendant la préparation, un spécialiste m’a
dit que tous ces tours et détours de la voiture n’étaient pas pos-
sibles. Effectivement, je n’ai travaillé que sur mon imaginaire
et ma peur des accidents, en inventant tout un parcours qui soit
crédible, sinon vrai. À la sortie du film, des tas de gens venaient
me dire : « J’ai eu exactement le même accident ! » Ce que je
savais rigoureusement impossible62 !
Fin du flash-back et retour au présent : la voiture prend feu.
Des curieux accourent : parmi eux, Claude Mathieu, le photo-
graphe de plateau des Choses de la vie, jouant ici les badauds, avec
– comme il se doit – un appareil photo autour du cou ! Les gen-
darmes arrivent. L’un d’eux trouve la lettre qui – suprême ironie
du sort – n’a pas brûlé avec la voiture, ce qui accroît la tension
dramatique : Pierre va-t-il survivre à l’accident et la déchirer à
temps, ou mourir avant de pouvoir la faire disparaître…? Gagné
par une étrange fatigue, il se répète, comme un leitmotiv, qu’il ne
faut surtout pas qu’il s’endorme… Arrive alors un prêtre (Max
Amyl). Pierre est toujours inanimé. Dans un long monologue in-
térieur, il commente ce qui lui arrive : « Mais qu’est-ce qu’il veut,
ce type ? Ils sont fous […]. Ils voulaient m’enterrer, ces cons-là !
62. Ibid., p. 93-94.
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qu’il va s’en sortir puisqu’il a évité le camion qui arrive en face
de lui. Deuxième temps : l’accident à vitesse normale pendant
quatre secondes, c’est-à-dire le point de vue objectif. Le tout
entrecoupé par la discussion du bétailleur et du camionneur qui
« ont vu » l’accident. Pendant la préparation, un spécialiste m’a
dit que tous ces tours et détours de la voiture n’étaient pas pos-
sibles. Effectivement, je n’ai travaillé que sur mon imaginaire
et ma peur des accidents, en inventant tout un parcours qui soit
crédible, sinon vrai. À la sortie du film, des tas de gens venaient
me dire : « J’ai eu exactement le même accident ! » Ce que je
savais rigoureusement impossible62 !
Fin du flash-back et retour au présent : la voiture prend feu.
Des curieux accourent : parmi eux, Claude Mathieu, le photo-
graphe de plateau des Choses de la vie, jouant ici les badauds, avec
– comme il se doit – un appareil photo autour du cou ! Les gen-
darmes arrivent. L’un d’eux trouve la lettre qui – suprême ironie
du sort – n’a pas brûlé avec la voiture, ce qui accroît la tension
dramatique : Pierre va-t-il survivre à l’accident et la déchirer à
temps, ou mourir avant de pouvoir la faire disparaître…? Gagné
par une étrange fatigue, il se répète, comme un leitmotiv, qu’il ne
faut surtout pas qu’il s’endorme… Arrive alors un prêtre (Max
Amyl). Pierre est toujours inanimé. Dans un long monologue in-
térieur, il commente ce qui lui arrive : « Mais qu’est-ce qu’il veut,
ce type ? Ils sont fous […]. Ils voulaient m’enterrer, ces cons-là !
62. Ibid., p. 93-94.
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