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viens-toi des Choses de la vie

[…] Un prêtre… Ils finissent par me faire peur. » Pierre revoit
des instants de sa vie (Claude Sautet joue ici sur les couleurs) :
Hélène lui apparaît en robe rouge à ses côtés comme ce coquelicot
qu’il entrevoit dans l’herbe quand il essaie d’ouvrir les yeux. Sur
ces images oniriques, nous entendons le dialogue entre le méde-
cin (Claude Confortès) et le motard de la gendarmerie (Gérard
Streiff), l’agitation des badauds, les bruits champêtres… Par ce
procédé d’une grande habileté, nous sommes mis dans la position
de l’accidenté et transportés dans son monde intérieur63. Puis il
se met à pleuvoir : « cette pluie – précise Claude Sautet – arrive

 63.  Dans Accattone, Pasolini utilise le même procédé : sur les images oniriques
d’Accattone rêvant, de manière prémonitoire, de sa propre mort, on entend les
soupirs nocturnes du personnage (Franco Citti) pendant son sommeil. Dans
L’Exorciste (TheExorcist), William Friedkin recourra exactement au même pro-
cédé dans la séquence où le père Karras ( Jason Miller) rêve de sa mère défunte.
Ce procédé a un effet particulièrement prégnant sur le spectateur.

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