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si le personnage au crâne presque rasé et au regard éteint, interprété par
Emmanuelle Riva dans Kapo ; rappelle également la séquence du retour du camp
de concentration, du personnage Salomé Lerner dans Partir Revenir. Toutefois si
Claude Lelouch évite le côté cliché et sentimental de Pontecorvo, tous deux se
servent de la musique pour transmettre une émotion. Le réalisateur se réapproprie
également par certains aspects la série de télévision Holocauste.

Cette saga télévisuelle composée de quatre parties a été diffusée sur les
écrans en 1978 soit trois ans avant les Uns et les autres. Il est fort probable que
cette série ait pu influencer le metteur en scène. En effet, dès la première partie
nous pouvons trouver des points communs : les premiers plans d'Holocauste
commencent par un mariage. Or, les séquences d'expositions des Uns et les autres
nous montrent également des mariages. Dans Holocauste et les Uns et les autres,
nous percevons aussi un même type de cadrage (beaucoup de plan rapproché et
de champ –contre champ). Nous remarquons une mobilité de la caméra équivalente,
pour suivre les mouvements de valse des personnages. Par ailleurs la vision de
l'Holocauste, selon Marvin Chomsky utilise le principe de montage alterné ; afin de
filmer plusieurs destins croisés tourmentés par la seconde guerre. Aussi, comme
dans les Uns et les Autres, le film commence dès 1936. De plus le gros plan sur
les mains de pianiste, qui devient une musique extra diégétique dès le plan suivant,
pour nous montrer des images d'archives sur la montée en puissance d'Adolf
Hitler ; n'est pas sans rappeler le décalage son-image qu’utilise Claude Lelouch.
Nous remarquons aussi l'importance de la voix radiophonique pour annoncer
l'évolution de la guerre.

Aussi l’utilisation d'une musique lyrique, afin de renforcer l’impact des
images est identique chez Lelouch. Nous retrouvons également le même impact
pour décrire la persécution des juifs (voir notamment la séquence de la maison
brûlée en Pologne, ou encore celle où un bébé meurt pendant le voyage vers les
camps. Celle-ci fait écho au déchirement de Nicole Garcia, lorsqu'elle se séparât de
son bébé). Enfin dans la séquence d'arrivée des juifs à Varsovie, le spectateur
remarque un style équivalent chez les deux metteurs en scène pour filmer des
mouvements de foule.

Claude LELOUCH : une vision intimiste de l’Histoire. 71
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