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Chapitre 9

Tu n’as pas osé venir à son enterrement ?

Nicolas monta dans le pick-up vert bouteille d’Alex
estampillé : « Centre équestre de Carigoules » sur les
portières. La voiture sortit du bourg et emprunta la
départementale qui avait séparé les domiciles des deux garçons
pendant longtemps. De grands cyprès bordaient la route tels des
alignements de menhirs. Nicolas les avait toujours connus même
si dans ses souvenirs, ils montaient moins haut vers les cieux.
Telles des statues à l’entrée d’une cité ancienne, ils
représentaient les emblèmes du village. Il y avait exactement
deux kilomètres huit cents entre la maison des Malartigues et le
centre de Carigoules. Rien d’insurmontable comme trajet pour
les deux garçons quand ils avaient envie de se voir. Ils le
parcouraient à pied ou à vélo et ce jusqu’à plusieurs fois par jour.
De l’air chaud entrait par les vitres ouvertes comme un
énième rappel du doux climat de son enfance. Le panorama
depuis la route était à couper le souffle avec une vue plongeante
vers le Sud et au loin la Méditerranée. Un point de vue unique
digne d’un site touristique. D’un ton enjoué, il déclara :
— Tu sais j’ai l’impression que rien n’a changé ici !
— Détrompe-toi. Le temps passe aussi vite qu’ailleurs.

C’est la nature qui donne l’impression que nous
vieillissons plus vite qu’elle, parce qu’à la différence de

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