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l’expliquer. Tu aurais fini par comprendre et on serait

resté les meilleurs amis du monde.
Il avait raison. Leur brouille venait d’une absence d’échange

comme dans la plupart des couples. Nicolas avait préféré taire
ses sentiments parce qu’il ne voulait pas avouer son échec. Il
n’attirait pas Nathalie et il le vivait mal. Ses premières omissions
s’étaient transformées en mensonges et lorsque Nathalie était

venue en stage à Paris, il avait commencé à trahir Alexandre en
disant qu’il ne la voyait pas par exemple.

Il se sentait piteux.
S’il lui avait dit la vérité dès le départ, tout se serait passé
autrement. Peut-être qu’il aurait fini par épouser Nathalie quand

même et que les garçons se seraient fâchés mais au moins il

aurait vécu sans poids mort sur la conscience. Il aurait vieilli

sans chaine lui rappelant sa perfidie.
Une fois sa confession faite, il se sentit soulagé d’avoir crevé

l’abcès.
— Je suis désolé Alex. Tout ça est de ma faute. Si tu veux

me casser la gueule, je comprendrais.
— Connard ! Souffla son ami. Comme si un coup de poing

pouvait régler les choses vingt-cinq ans après ?
« Pas faux mais des fois ça soulage ! » pensa l’ophtalmo.
— Il fallait que je t’avoue la vérité. Nathalie t’a quitté parce

que Paris la faisait rêver. C’est seulement ensuite que je
l’ai convaincue que je serais un bon mari pour elle. J’ai
profité de la situation, je le sais. J’en ai eu honte durant
toutes ces années parce que si j’avais défendu ta cause
comme tu me l’as demandé, elle aurait peut-être fait

marche arrière.
Les traits agacés d’Alexandre avaient disparu. Il réalisait que

Nicolas faisait force de courage en lui faisant ces aveux. Il posa
sa main sur l’épaule de son ami et lui dit d’un ton calme :

— Non Nico.
— Quoi non ?

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