Page 131 - I007744_BAT
P. 131
andé le souvenir commun qui les avait le plus marqué, les
deux avaient répondu à l’unisson :
— La naissance de Petit Joufflu !
— C’est qui Petit Joufflu ? Racontez-moi ! Avait réclamé le
fils Malartigues.
Alors les vieux potes racontèrent à deux voix cette belle
soirée de septembre 1978 où Bernard était venu en catastrophe
chez le Docteur Giordano pour lui demander de l’aide. Sa
génisse n’arrivait pas à vêler et il était en panique.
L’anecdote fit sourire Karine et son fils car un médecin au
chevet d’une vache, il fallait reconnaitre que ce n’était pas
commun.
Les deux amis donnèrent de nombreux détails sur la tension
qui régnait ce soir-là. Nicolas parla par exemple de l’orage qui
s’acharnait au-dessus de Carigoules et des éclairs qui frappaient
le sol autour de l’étable dans un déluge de grêle. Tout ça fit
frissonner le jeune Malartigues. Son père insista sur la pauvre
bête qui souffrait et sur le sang qui éclaboussait la chemise du
médecin tandis que des beuglements résonnaient dans la bâtisse
en écho au tonnerre. Avec de l’émotion dans la voix, ils
brossèrent la bouille innocente qui était apparue devant eux et
racontèrent comment la naissance d’un jeune veau, contraint à
mourir sans l’intervention de Giacomo, les avait attendris.
Chacun avait conservé dans sa mémoire une fraicheur originelle
de l’instant. Quarante ans plus tard, ils étaient aussi émus qu’au
premier jour…
Et puis une question du jeune Nicolas dériva sur leurs vies
amoureuses respectives.
— Avez-vous eu les mêmes copines ?
Giordano se sentit soudain mal à l’aise. Son visage se figea
et une boule gonfla dans son estomac. Ce fut Alex qui répondit
à son fils :
— Ça ne te regarde pas ! Tu es bien trop curieux. Allez va
te coucher, il se fait tard et tu as cours demain.
129
deux avaient répondu à l’unisson :
— La naissance de Petit Joufflu !
— C’est qui Petit Joufflu ? Racontez-moi ! Avait réclamé le
fils Malartigues.
Alors les vieux potes racontèrent à deux voix cette belle
soirée de septembre 1978 où Bernard était venu en catastrophe
chez le Docteur Giordano pour lui demander de l’aide. Sa
génisse n’arrivait pas à vêler et il était en panique.
L’anecdote fit sourire Karine et son fils car un médecin au
chevet d’une vache, il fallait reconnaitre que ce n’était pas
commun.
Les deux amis donnèrent de nombreux détails sur la tension
qui régnait ce soir-là. Nicolas parla par exemple de l’orage qui
s’acharnait au-dessus de Carigoules et des éclairs qui frappaient
le sol autour de l’étable dans un déluge de grêle. Tout ça fit
frissonner le jeune Malartigues. Son père insista sur la pauvre
bête qui souffrait et sur le sang qui éclaboussait la chemise du
médecin tandis que des beuglements résonnaient dans la bâtisse
en écho au tonnerre. Avec de l’émotion dans la voix, ils
brossèrent la bouille innocente qui était apparue devant eux et
racontèrent comment la naissance d’un jeune veau, contraint à
mourir sans l’intervention de Giacomo, les avait attendris.
Chacun avait conservé dans sa mémoire une fraicheur originelle
de l’instant. Quarante ans plus tard, ils étaient aussi émus qu’au
premier jour…
Et puis une question du jeune Nicolas dériva sur leurs vies
amoureuses respectives.
— Avez-vous eu les mêmes copines ?
Giordano se sentit soudain mal à l’aise. Son visage se figea
et une boule gonfla dans son estomac. Ce fut Alex qui répondit
à son fils :
— Ça ne te regarde pas ! Tu es bien trop curieux. Allez va
te coucher, il se fait tard et tu as cours demain.
129