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r présence à proximité de la maison apportait en plus d’une

déco champêtre une quiétude manifeste.
— Tu sais que ça me fait drôle d’être là. Je revois tes parents

assis derrière leur table en chêne. Que sont-ils devenus ?
— Papa est mort il y a dix ans et maman vit toujours. On l’a

placée dans un Ehpad spécialisé pour les gens atteints
d’Alzheimer à Nice.
— Oh, je suis désolé.
— Ne t’en fais pas, elle va bien, seuls certains de ses

souvenirs sont en vacances.
Alexandre avait le don d’expliquer la maladie d’Alzheimer

de manière poétique. Le médecin parisien apprécia son regard

tendre sur une pathologie compliquée qui détruisait de

nombreuses familles.
— Des fois, elle a des flashs et me reconnait mais en

général, elle ne sait plus qui je suis. Je ne lui en veux pas.
Je l’aime. Sa vie est aujourd’hui rythmée par des
activités d’éveil qu’elle fait avec des animateurs du
centre. On est content qu’elle soit là-bas, c’était trop dur
de la garder avec nous. Karine n’en pouvait plus.
— Comme je vous comprends, j’aurais fait la même chose
si j’avais dû affronter ça. Moi, maman est décédée il y a

quelques années.
— Oui je sais. Quand on l’a appris au village, on a tous été

triste.
— Tu n’as pas osé venir à son enterrement ?
— Tu ne m’y avais pas invité.
— C’est vrai et je m’en veux. Mais je crois savoir que tu as

envoyé des fleurs. « Condoléances AM » c’était bien
toi, n’est-ce pas ?
— Oui et il m’arrive encore de lui en déposer quand je vais

voir ma mère à Nice.
— C’est ton bouquet que j’ai vu hier alors ! J’étais surpris

d’en trouver un récent sur sa tombe.

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