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méprisais à cause de ça. J’ai consulté un psy à l’époque
pour aller mieux. Il m’a conseillé de te dire la vérité.
— Je trouve que tu as attendu très longtemps avant
d’appliquer ses conseils !

Ce fut au tour de Nicolas de rester silencieux pendant de

longues minutes. Face à la remarque acerbe de son ami, il tentait

de digérer ses remords. Alex continuait quant à lui de cogiter en

tentant de remonter le temps et en inondant son esprit de
questions. S’il avait appris qu’il avait eu une fille avec Nathalie,
qu’aurait-il fait ? Aurait-il abandonné Carigoules pour la

rejoindre à Paris ? Aurait-il déménagé ? Et aurait-il abandonné
Karine et ses enfants s’il l’avait appris plus tard ? Aurait-il
accouru pour celle qu’il aimait à la folie ?

En s’interrogeant avec honnêteté, la réponse tomba : non.
Non, il n’aurait jamais pu vivre loin de ses terres. Avant de
connaitre Karine, il n’aurait pas pu aller vivre à Paris non plus.
C’était inconcevable avec ses valeurs. Et après avoir construit
une famille comme il l’avait fait, la réponse était définitivement

non. Il ne regrettait pas ses choix. Il aimait sa femme et la vie
qu’ils s’étaient construits à deux. La seule chose qui le
chiffonnait, c’était d’apprendre cette paternité vingt-cinq ans

après. Que pouvait-il en faire ?
— Maintenant que tu as soulagé ta conscience, qu’est-ce

que tu attends de moi Nico ? Tu me dis que Nathalie
n’est même pas au courant que je suis le géniteur. Tu
veux quoi au juste ? Me faire du mal c’est ça…
— Non Alex surtout pas. Je voudrais que tu m’aides à le

dire à ma femme.
— Quoi ?
— Je n’ai pas la force de lui avouer que cet enfant est le fruit

de votre amour de jeunesse. J’ai besoin de toi pour ça.
— Tu n’es vraiment pas net.
— Je te le demande comme un service Alex. Tu es mon

meilleur ami…

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