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r séparation, elle avait toujours eu l’impression d’avancer en
équilibre sur un fil. Tout cela était d’un terrible inconfort.
Mais elle maudissait aussi son mal-être perpétuel, d’autant
plus qu’elle possédait tout ce qu’elle avait toujours voulu. Ne
vivait-elle pas à proximité de Paris ? De surcroît dans une belle
maison où elle ne manquait de rien. Elle pouvait s’acheter à peu
près tout ce qui lui passait par la tête. Sa fille était merveilleuse
et son mari dévoué, même s’il était souvent absent.
Alors d’où lui venait ce ressenti de funambule ? Pourquoi
avait-elle peur de tomber dans un gouffre à chaque fois qu’elle
prenait une décision ?
La réponse se trouvait en face d’elle. À cause d’Alexandre
bien sûr. Et à travers lui, de tout ce qu’elle avait fait vingt-cinq
ans plus tôt en ne respectant pas l’engagement d’amour qu’elle
lui avait promis. Le sentiment de trahison n’avait
malheureusement pas de date de péremption et sa déloyauté
semblait devoir durer jusqu’à perpétuité.
Elle lui servit un café dans un grand bol et lui apporta du pain
grillé avec de la confiture.
— Merci.
Alex faisait son possible pour qu’elle soit à l’aise mais il la
sentait sur la réserve.
— Est-ce que tu travailles ? Demanda-t-il. Est-ce que tu as
pu t’épanouir dans le monde de l’art ?
« Oups ! » Voilà l’une des questions qu’elle redoutait. Elle
l’avait quitté pour trouver un métier dans une galerie mais au
final, elle n’avait fait que de simples stages pendant quelques
années pour finir par être mère au foyer. Son rêve d’être
ambassadrice culturelle ne s’était jamais exaucé bien qu’elle ait
officiellement rejeté cet homme pour cette raison.
Ce matin pour la première fois, elle regretta de ne pas être
restée avec lui. C’est étrange la manière dont un cerveau est
capable de faire marche arrière lorsqu’il est acculé dans des
retranchements de honte. Elle ne s’était pas épanouie dans le
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équilibre sur un fil. Tout cela était d’un terrible inconfort.
Mais elle maudissait aussi son mal-être perpétuel, d’autant
plus qu’elle possédait tout ce qu’elle avait toujours voulu. Ne
vivait-elle pas à proximité de Paris ? De surcroît dans une belle
maison où elle ne manquait de rien. Elle pouvait s’acheter à peu
près tout ce qui lui passait par la tête. Sa fille était merveilleuse
et son mari dévoué, même s’il était souvent absent.
Alors d’où lui venait ce ressenti de funambule ? Pourquoi
avait-elle peur de tomber dans un gouffre à chaque fois qu’elle
prenait une décision ?
La réponse se trouvait en face d’elle. À cause d’Alexandre
bien sûr. Et à travers lui, de tout ce qu’elle avait fait vingt-cinq
ans plus tôt en ne respectant pas l’engagement d’amour qu’elle
lui avait promis. Le sentiment de trahison n’avait
malheureusement pas de date de péremption et sa déloyauté
semblait devoir durer jusqu’à perpétuité.
Elle lui servit un café dans un grand bol et lui apporta du pain
grillé avec de la confiture.
— Merci.
Alex faisait son possible pour qu’elle soit à l’aise mais il la
sentait sur la réserve.
— Est-ce que tu travailles ? Demanda-t-il. Est-ce que tu as
pu t’épanouir dans le monde de l’art ?
« Oups ! » Voilà l’une des questions qu’elle redoutait. Elle
l’avait quitté pour trouver un métier dans une galerie mais au
final, elle n’avait fait que de simples stages pendant quelques
années pour finir par être mère au foyer. Son rêve d’être
ambassadrice culturelle ne s’était jamais exaucé bien qu’elle ait
officiellement rejeté cet homme pour cette raison.
Ce matin pour la première fois, elle regretta de ne pas être
restée avec lui. C’est étrange la manière dont un cerveau est
capable de faire marche arrière lorsqu’il est acculé dans des
retranchements de honte. Elle ne s’était pas épanouie dans le
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