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C’était impensable.
Face à lui, il n’avait pas pleuré mais dans le TGV qui l’avait
ramené à Nice, il n’avait pas pu s’empêcher de sombrer dans un
désespoir sans fond. Lorsque Karine l’avait vu rentrer le soir, les
yeux explosés de souffrance, elle n’avait rien compris. Déjà
parce qu’elle n’avait jamais vu son mari pleurer à l’exception
peut-être de quelques larmes qu’il avait versées à la naissance de
ses enfants. Alexandre était un roc sur lequel elle s’appuyait

depuis toujours. Mais ce jour-là, le dur à cuire était dévasté et
elle n’avait pas su le consoler.

Lorsqu’il lui avait avoué la triste condamnation de Nicolas,

elle avait réalisé combien le lien qui les unissait était fort. Jamais
elle n’aurait cru qu’Alexandre soit aussi attaché à ce Giordano
qu’elle n’avait jamais vu et dont il lui avait à peine parlé. Bien
que ce soit difficile pour elle de comprendre, elle fit l’effort de
l’écouter. La première fois qu’elle avait entendu parlé de
Giordano, c’était à la naissance de son fils. Alex lui avait suggéré
de l’appeler Nicolas en argumentant un ami d’enfance perdu de

vue. Au cours des années suivantes, le sujet avait été réarbordé

à quelques occasions et il lui avait notamment avoué regretter ne
plus voir son vieux copain. Mais encore une fois, à l’image de
ce qu’il était, il avait gardé son amitié pudique.

Alexandre n’avait pas dormi de la nuit suite à cette horrible
journée. Le matin suivant, une fois ses larmes séchées, il s’était

repris en se levant avec une résignation dans le regard. Celle du
soldat qui décide de sortir de la tranchée quoi qu’il en coûte.
Pour bien le connaitre, Karine savait qu’il avait une idée derrière

la tête et que dans ces moments-là, mieux valait le laisser
tranquille. Buté comme il était, ça ne servait à rien de s’opposer

à lui.

Il avait prévenu sa femme que leur vie allait momentanément
être bousculée en s’excusant à l’avance pour la gêne
occasionnée. Il promit de trouver quelqu’un pour s’occuper des

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