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— Tu as raison mais si je te demande ça c’est parce que je
m’inquiète.

— Tu t’inquiètes pour notre couple maintenant ? Tiens-
donc ! Tu n’es plus agriculteur mais psy !

Son ton ironique ne déstabilisa pas Alex.
— Non, je voudrais juste vous aider.
— Ne viens pas foutre le bordel entre nous s’il te plait !
— Si vous aviez parlé ensemble ces derniers temps, Nicolas

t’aurait peut-être avoué des choses.
— Quoi donc ? Ne me dis pas qu’il t’a chargé de

m’annoncer qu’il me quittait ! Il n’a pas le courage de
venir me le dire en face c’est ça ? Alors il envoie son
meilleur ami qu’il n’a pas vu depuis vingt-cinq ans !
C’est une blague ?
— Non Nat. Nico t’adore et tu le sais bien.
— Je ne comprends rien. Qu’est-ce que tu cherches à me

dire ?
— Ton mari est malade.
Elle l’avait regardé dans un premier temps avec un air

simplement étonné. Mais dans le regard clair de son amour
d’enfance, qui virait au foncé dès qu’il était contrarié, elle

comprit la gravité des choses. « Ton mari est malade » signifiait
bien plus qu’une baisse de régime passagère. Tout explosa alors

dans sa tête. Sa vie de bourgeoise accaparée par des activités
sans intérêt s’effondra. Sa vie d’errance avec Marie-Clotilde de

Latour lors de soirées guindées dans la capitale où personne ne
portait d’attention à personne et où les gens cherchaient à se
donner superficiellement de l’importance, sombra en une

seconde. Sa vie depuis que Clémence était partie vivre à Londres
prit l’eau. Toute l’agitation qu’elle s’était fabriquée pour avoir
l’impression d’être occupée disparut sous le poids de ces mots.

Son mari était souffrant. Comment n’avait-elle rien vu ?
Tout simplement parce qu’elle ne s’intéressait plus

suffisamment à lui. Certes, ils vivaient sous le même toit,

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