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penser que tout ce qui lui arrivait n’était en rien le fruit du hasard.
Découvrir enfin son passé, pardonner son père pour ses faiblesses,
capter ses deux fils sans passer à côté, aimer et être adoré. Tout
s’alignait !
Il avait 35 ans, sa vie ne faisait que commencer et tout s’alignait.
Ses choix l’éclairaient, mais pour lui, sa façon de réfléchir n’était
pas la seule responsable de cet équilibre parfait. Tony se sentait de
plus en plus accompagné par une forme de spiritualité. Avant l’at-
tentat du manoir il était un fantôme qui hantait sa propre destinée
et depuis tout devenait concret. Depuis tout avait changé. Et si ces
signes étaient un appel du berger ? Et si son bonheur était le prix
à payer pour avoir été sélectionné ? Et s’il était l’élu désigné pour
témoigner d’une présence désincarnée ? Le sablier s’écoulait. Ses
garçons à l’école, Béatrice en campagne, Tony se mit à se docu-
menter. Il lisait, tapotait, écoutait des témoignages, se baladait sur
des forums. Il prenait le temps de clarifier ses pensées, de régenter
ses ressentis, d’analyser tous ces signes qui l’avaient fait arriver ici.
En ce vendredi du mois de janvier Tony entra pour la première fois
dans une mosquée.

Jean-Laurent & Bertille

Assis dans la cuisine, il attendait. Fixait une casserole en cuivre,
une louche démesurée. Au sol, la pierre de Bourgogne venait
d’être lessivée.
Être le fils unique de ses parents n’avait jamais été facile. Ça au-
rait pu l’être s’il s’était senti aimé. Mais aucun souvenir de son
enfance n’était associé à de la légèreté. En primaire, suite à une
leçon de biologie, tout le monde se mit à l’appeler le hibou, rap-
port au grand-duc. De son côté, Jean-Laurent était persuadé que
c’était à cause de son nez crochu et de ses yeux globuleux. De
son air sérieux. De ses sourcils broussailleux. La nuit devint son
terrain de jeux.
Il grandit comme un enfant à part.
Les De La Berthelière étaient une famille ruinée. Mais se l’avouer

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